Depuis l’historique rendez-vous de Pescara, ce fameux 28 août 2015, beaucoup d’eau aura coulé sous le pont de l’enseigne chargée d’organiser les 19èmes Jeux Méditerranéens d’Oran. Quatre ans et quatre mois, pratiquement jour pour jour avant que le Comité International des Jeux Méditerranéens présidé par l’Algérien Amar Adadi, ne soit rassuré sur la faisabilité de l’événement à l’ombre de Santa Cruz.
C’est bien parce que le doute s’était installé dans l’esprit des pontifes du Comité International que ces derniers s’étaient empressés à prendre le pouls de l’organisation, sur le terrain des opérations le 5 décembre dernier.
Car, depuis sa naissance à l’automne 2015, le Comité d’Organisation local, le COJM, n’a jamais été capable de se doter d’un cadre déontologique et d’un programme de travail clairement défini. Et surtout appuyé par des spécialistes de l’olympisme, du montage des manifestations sportives planétaires, de l’exploration des initiatives, des techniques médias radio et télévisuelles de dernières générations, de la préfiguration et de la formation du volontariat, cette force incontournable qui détermine, qui garantit ou non la réussite d’un événement sportif d’envergure international. Pendant les trois premières années de présences et de convoitises de la part de ses occupants, le COJM ne se rendait pas compte à quel point l’Algérie était discréditée par les instances de l’olympisme. Il diffusait l’inconfortable tableau d’une entreprise rongée par moult tergiversations sur le choix des profils pour composer d’abord ce Comité d’Organisation local appelé à élever l’image de l’Algérie au panthéon des prestigieuses manifestations olympiques. Il affichait la désagréable sensation d’être otage de jeux d’intérêts entre les décideurs centraux qui se sont succédé au manche du supersonique des JM Oran 2021. Il ballotait sous les effets de la lutte sournoise entre hommes d’affaires du coin et autres tauliers du business, tous s’agglutinant autour des ex-walis afin de décrocher un strapontin au sein de ce Comité d’Organisation normalement voué à des experts en la matière. Les opportunistes ont longtemps rodé autour, comme des affairistes de tous poils s’agglutinant autour des appels d’offres annonciateurs d’enrichissement rapides.
La liste des dérapages fut longue, à commencer par la méconnaissance de la charte olympique, laquelle par exemple oblige tout pays organisateur d’un événement à rendre compte des activités cumulées sur le terrain des préparatifs ? Et chaque trimestre sous la forme d’un PV officiel. Une nation qui accueille des jeux olympiques régionaux, n’abandonne pas une seule action au hasard. Cela fut le cas durant longtemps à Oran. En dehors de l’évolution des gigantesques projets d’infrastructures dédiés aux olympiades d’Oran et qui ne relevaient pas des responsables locaux, ces quatre premières années de tergiversations se sont enchainées sous les gestions des trois chefs de gouvernement, Abdelmalek Sellal, Ahmed Ouyahia, Noureddine Bedoui, de trois ministres de la Jeunesse et des Sports, Ould Ali El Hadi, Mohamed Hattabi, Abderaouf Salim Bernaoui et de trois walis d’Oran, Abdelghani Zaalane, Chérifi Mouloud, Abdelkader Djellaoui. On comprendra donc que le COJM Oran soit passé par toutes les tailles. Et que seule, la promiscuité des jeux, du 25 juin au 5 juillet 2021, vient de lui transmettre la logique de la vitesse supérieure pour ne plus tâtonner.
Le CIJM qui a retrouvé le sourire lors de sa récente escapade le 5 décembre écoulé en percevant la couleur et la plénitude dans les traits de l’immense champion d’Afrique de natation objectivement promu Directeur des jeux, ainsi que dans les yeux de Abderaouf Bernaoui, le grand superviseur de ce gigantesque chantier. Même si l’irruption de l’histoire de l’identité visuelle des jeux gâche la sérénité retrouvée. Curieuse et bizarre séquence que cette information soit révélée par un site peu familier du grand public. Dans laquelle il accuse le concepteur du logo officiel des Jeux Méditerranéens d’Oran de plagiat, précisant même qu’il s’agit d’un «Copier-coller du logo d’une entreprise chinoise spécialisée en produits de cosmétiques».
Si les deux identités visuelles sont effectivement des jumelles, on voit mal les designers du logo algérien se noyer dans pareille aventure. C’est vrai que depuis deux années, les grands groupes internationaux de communication, les professionnels respectés de la créativité ne se bousculent plus dans notre portillon.
Des enseignes comme celle de Karoui de Tunisie, de FP Seven et de Pixal, ces rescapés étrangers du marché de la pub ne se sont pas alignés dans la concurrence. Alors, erreur ou scandale ? Entre temps, les responsables du COJM font l’apologie de la nouvelle identité visuelle désormais exposée dans tous les supports de l’organisation en écrivant qu’«Avec ses formes, ses couleurs et son identité, notre logo rejoint dans son esprit de philosophie des couleurs du bassin méditerranéen, dont Wahran est une ville phare».
Avec ce ton et ces lumières, les Jeux d’Oran sont condamnés à réussir.
Par Fayçal Haffaf
Par Fayçal Haffaf