vendredi , 24 mars 2023

Une ville encore livrée à tous les maux et tous les déplaisirs…

Rappel à ceux qui l’auraient oublié: Il y a prés de quinze ans, en juillet 2007, deux experts américains, spécialisés dans la restauration des sites et monuments historiques, étaient en visite à Oran dans le cadre d’un projet de consolidation et de réhabilitation de deux anciens monuments, dont la mosquée Pacha, édifiée en 1789 dans le quartier de Sidi El Houari. Les travaux de restauration de ces deux sites historiques, disait-on à l’époque, devaient être lancés incessamment. Et durant plusieurs mois, les deux spécialistes américains avaient entrepris effectivement des analyses des structures et une inspection des monuments fragilisés par le temps. Forts d’une certaine expérience en matière de consolidation de vieux monuments, les experts venus de Chicago étaient, selon des sources crédibles, les auteurs des projets de restauration de la tour de Pise en Italie, de la mosquée de Jérusalem à Moscou et de bien d’autres monuments. Cette action, peu médiatisée à l’époque, a été initiée par l’ambassade des Etats-Unis en Algérie qui avait annoncé avoir fait un don de 100 000 dollars pour aider au financement du projet. Et une première tranche de 35 000 dollars, a bel et bien été remise aux responsables algériens de ce projet de restauration de cette belle mosquée du Pacha. Un projet inscrit, on s’en souvient, dans le cadre d’un vaste programme de réhabilitation du patrimoine annoncé par les responsables de l’époque. Au final, trois années plus tard, seul la grande action de restauration de l’église de Santa Cruz, pilotée par l’ambassade de France et l’évêché d’Oran a été correctement menée et suivie, financée conjointement par l’ambassade de France, l’Etat algérien, et surtout un bon nombre de «sponsors», des entrepreneurs et opérateurs économiques algériens connus sur la scène locale. Et on ne peut qu’applaudir évidement à la réussite de ce projet de réhabilitation de cette chapelle, perchée au sommet du Mont Murdjajo et inscrite à ce jour en image-symbole de la ville. Le projet de restauration de la Mosquée du Pacha, soutenu, voire initié par les américains, allait quand à lui, sombrer dans l’abandon et l’oubli pour diverses raisons «bureaucratiques» aggravées par le laxisme et l’indifférence de certains acteurs peu soucieux de ce genre d’opération où ils ne peuvent tirer aucun profit personnel. Quelques années plus tard, ce sont les Turcs qui allaient annoncer une prise en charge et le prochain lancement d’un projet de réhabilitation des sites historiques du palais du bey et de la Mosquée du Pacha. Mais à ce jour, rien de concret n’est à signaler. Les deux monuments demeurent toujours abandonnés, illustrant la fatalité qui frappe l’évolution urbaine d’une ville encore livrée à tous les maux et tous les déplaisirs…
Par S.Benali