64 ans après la disparition de Ali Boumendjel, la France, par la voix du président Emmanuel Macron, a reconnu que l’avocat et militant algérien a été torturé puis assassiné.
Alors qu’à l’époque des faits, en mars 1957, la mort de Ali Boumendjel a été maquillée en suicide, le chef de l’État français a reconnu mardi soir que son assassinat, après avoir été torturé, était l’œuvre de l’armée coloniale durant la Guerre de libération nationale.
Dans un communiqué rendu public mardi soir, l’Elysée la présidence française, a annoncé que le président français, Emmanuel Macron, a reconnu «au nom de la France» que l’avocat et dirigeant politique du nationalisme algérien, Ali Boumendjel «a été torturé puis assassiné» par l’armée coloniale pendant la Guerre de libération nationale.
La reconnaissance de la responsabilité de la France dans l’assassinat de Ali Boumendjel a été annoncée à l’occasion de la rencontre tenue au palais de l’Elysée entre Emmanuel Macron et les descendants de Ali Boumendjel.
«Aujourd’hui, le président de la République a reçu au palais de l’Elysée quatre des petits-enfants de Ali Boumendjel pour leur dire, au nom de la France, ce que Malika Boumendjel (veuve) aurait voulu entendre : Ali Boumendjel ne s’est pas suicidé. Il a été torturé puis assassiné», a indiqué l’Elysée dans un communiqué. La reconnaissance de la France s’est basée les préconisations de l’historien Benjamin Stora, détaille la présidence française.
L’Elysée a indiqué que la reconnaissance par la France de l’assassinat de Ali Boumendjel survient conformément aux préconisations de Benjamin Stora dans son rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre de libération nationale. Selon l’Elysée, «ce geste de reconnaissance (…) n’est pas un acte isolé».
Lors de son entrevue avec les proches de Ali Boumendjel, Emmanuel Macron fait montre de sa volonté à encourager le travail des historiens par l’ouverture des archives.
Ainsi, selon l’Elysée, le président français a exprimé aux petits-enfants de Ali Boumendjel «sa volonté de poursuivre le travail engagé depuis plusieurs années pour recueillir les témoignages et encourager le travail des historiens par l’ouverture des archives (…)».
Macron a annoncé que ces efforts de recherches qui seront approfondis dans les prochains mois visent à aller vers l’apaisement et la réconciliation. «Ce travail sera prolongé et approfondi au cours des prochains mois, afin que nous puissions avancer vers l’apaisement et la réconciliation», a-t-il promis.
Il a affirmé que la reconnaissance des vérités historiques aide à refermer des plaies «toujours ouvertes» et aller de l’avant.
Macron, à ce titre, a estimé, que «regarder l’Histoire en face, reconnaître la vérité des faits, ne permettra pas de refermer des plaies toujours ouvertes, mais aidera à frayer le chemin de l’avenir».
Pour situer les faits historiques, il convient de signaler que Ali Boumendjel, qui était au cœur de la Bataille d’Alger fut arrêté par l’armée coloniale, placé au secret, torturé, puis assassiné le 23 mars 1957, a reconnu l’Elysée, soulignant que «Paul Aussaresses avoua lui-même avoir ordonné à l’un de ses subordonnés de le tuer et de maquiller le crime en suicide».
Originaire des Ath Yenni, dans la wilaya de Tizi-Ouzou, Ali Boumendjel a laissé derrière lui son épouse, Malika, et quatre enfants âgés alors de sept ans à vingt mois : Nadir, Sami, Farid et Dalila. Né le 23 mai 1919, à Relizane, Ali Boumendjel, brillant écolier, s’est frayé sans mal une place sur les bancs de la faculté de droit d’Alger. C’est fort d’une culture ouverte, généreuse et humaniste, que Ali Boumendjel s’est engagé en politique, contre l’injustice du système colonial et pour l’indépendance de l’Algérie.
Samir Hamiche