Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui a reçu dimanche soir les représentants de la presse nationale, a clarifié plusieurs volets liés à l’actualité nationale et internationale.
Il a répondu aux questions autour de plusieurs thématiques telles que les élections
législatives, ses rencontres avec la classe politique, les nouvelles wilayas au Sud du pays, la récupération de ces fonds de l’étranger, l’économie, le dossier des véhicules, le sport, le dossier libyen et le Sahara occidental.
Avec des réponses directes, précises et sans langue de bois, le chef de l’État a exprimé de nouveau sa détermination à construire une Algérie nouvelle. Il a indiqué que les choix du peuple» et où tous les citoyens «sont égaux» constituent le socle de l’Algérie nouvelle.
Évoquant le volet politique, il a affiché son souhait pour une participation massive aux prochaines élections électorales, notamment parmi les rangs de la jeunesse, qu’il a qualifiée de «force salvatrice de toute patrie» dans le processus politique. Le chef de l’État a qualifié de «supérieur aux attentes» le nombre de formulaires retirés pour les législatives du 12 juin prochain. Il a affirmé que ces élections «seront transparentes et régulières, car nous œuvrons, a-t-il dit, à bâtir une Algérie nouvelle, dont le socle est les choix du peuple». Pour ce qui est de la participation, il a espéré que le taux sera «élevé», faisant savoir que ce taux de par le monde pour ce type d’élections tourne autour de 40 à 55%.
Interrogé sur de possibles visites à des wilayas du pays, le président de la République a fait état de contacts «quotidiens» avec le citoyen. Il a annoncé à la même occasion deux ou trois sorties dans des wilayas du pays vers la fin de l’année en cours, «une fois parachevés les fondements de l’édification de l’Algérie nouvelle».
S’agissant de ses rencontres sous formes de consultations qu’il a eues avec des personnalités nationales et des responsables de partis politiques, le Chef de l’Etat a indiqué avoir reçu des personnes qu’il connait et dont il connaît les idées «nonobstant l’assise ou la force de la formation politique», et ce a-t-il précisé, «en vue de la participation de tous à l’édification de l’Algérie nouvelle où tous les citoyens sont égaux».
Par ailleurs, le président de la République a affirmé que l’ère des quotas est révolue plaidant pour une réelle représentation de la scène politique. «Le Président ne doit pencher pour aucun parti ou personne. Pour lui, tous les citoyens sont à pied d’égalité», a-t-il assuré.
Pour ce qui est de la jonction entre le rôle de la société civile et les partis politiques à la veille des législative et son impact sur la composante de la prochaine Assemblée populaire nationale, le président Tebboune a affirmé que «la composante sera à la mesure de la scène politique», apportant un démenti catégorique à une quelconque volonté d’intervention de sa part à ce sujet. Il a affirmé qu’il ne voulait pas d’une Assemblée sur mesure. «Si nous voulions une Assemblée sur mesure, nous aurions misé sur un parti donné», a-t-il ajouté réitérant l’existence de deux possibilités lors des prochaines législatives, soit une majorité qui approuvera le programme présidentiel, et partant, un Premier ministre sera désigné, soit une majorité de l’opposition, et un chef du Gouvernement sera proposé.
Il a souligné l’impératif de l’implication des jeunes dans l’action politique. Il a ainsi souligné l’importance d’adopter un autre mode de gestion du pays à travers «l’injection de sang nouveau dans l’Etat», affirmant que «la jeunesse est la force salvatrice de toute patrie» et que «la société civile crée l’équilibre avec la société politique». «Quand la société civile est vivante et positive, elle constitue un bouclier pour le pays», a-t-il estimé.
Interrogé sur les opportunités de la décision de la création des dix nouvelles wilayas dans le Sud du pays, le chef de l’État a affirmé qu’il s’agit d’une volonté de développer ces régions. «La création de nouvelles wilayas illustre la force de l’Etat algérien et sa capacité à développer les régions du Sud», a-t-il dit, relevant que «l’ensemble des wilayas du pays sont tenues d’atteindre des normes de développement et de réaliser certains indices de croissance». Il a aussi qualifié de stérile la polémique autour de la création des 10 wilayas, affirmant que «le pays n’a nullement besoin de ce genre de débats byzantins, qui ne font que jeter de l’huile sur le feu».
Par ailleurs, il a annoncé le retrait de l’avant-projet de loi portant déchéance de la nationalité algérienne pour tout algérien qui commet des actes portant atteinte à la sécurité et à l’unité nationales. Il a indiqué que cet avant-projet a été «retiré» en raison de «son interprétation erronée».
À une question sur les préparatifs au mois de Ramadhan, M.Tebboune a tenu à rassurer quant à la disponibilité des stocks des produits alimentaires. Il a rassuré sur la disponibilité des capacités financières disponibles pour répondre aux besoins de consommation des citoyens, appelant à s’abstenir de la frénésie d’achat à la veille du Ramadhan. Pour ce qui est de «la pénurie» enregistrée récemment en huile de table sur le marché, en dépit de sa large disponibilité au niveau des usines, le président Tebboune a rappelé les instructions qu’il avait données au ministre du Commerce, de faire face à de telles situations «avec la plus grande fermeté», affirmant que «nul ne peut attenter à la stabilité de l’Etat».
Les enquêtes sur l’argent sale se poursuivent
Interrogé sur le dossier des fonds détournés, le président de la République a affirmé que la récupération de ces fonds de l’étranger était tributaire du prononcé de jugements définitifs dans les affaires intentées à l’encontre des auteurs qui, a-t-il ajouté, «devront, un jour, dévoiler les emplacements secrets de ces fonds». Il a évoqué, à ce propos, de «bonnes nouvelles à annoncer durant le mois courant», rappelant que les ambassadeurs d’Algérie à l’étranger ont entamé des démarches pour la récupération de biens immobiliers, citant la récupération à Paris de «44 biens immobiliers, dont des appartements et des châteaux».
A la question de savoir s’il existe un inventaire des fonds détournés en Algérie, le président Tebboune a relevé que ce qui a été récupéré reste «insignifiant» par rapport aux crédits bancaires accordés. Des crédits s’élevant à près de 6.000 Mds Da, dont uniquement 10 à 15% ont été récupérés jusqu’à l’heure actuelle, a-t-il fait savoir Il a annoncé, dans ce cadre, la poursuite des enquêtes sur l’argent sale. Il a aussi dévoilé des tentatives de «susciter des problèmes sociaux et des manifestations en utilisant l’argent sale de personnes en détention». «Des tentatives auxquelles nous ferons face», a-t-il affirmé.
À propos du volet économique, il a rassuré que l’Algérie parviendra, pendant l’année en cours ou au plus tard l’année prochaine, à un équilibre de sa balance des paiements, grâce à la politique de maîtrise des importations et de l’encouragement des exportations hors hydrocarbures. «Par rapport à 2019, la baisse des importations a été de 10 milliards USD en 2020, en dépit de la pandémie et ce, «grâce à la production, à la maîtrise de la surfacturation et un contrôle plus sérieux de certains services», a-t-il souligné. «Nous avons réalisé tout cela sans créer de déficit ou de pénurie», s’est-il félicité. Dans le même sens, le président Tebboune a estimé le montant des fonds en circulation dans le marché parallèle entre 6.000 et 10.000 milliards de DA, soulignant que les mesures adoptées pour drainer une partie de cet argent, notamment avec la généralisation de la finance islamique, sont à même de donner «un résultat positif». S’agissant de la pertinence de la proposition de changement de la monnaie nationale pour drainer les fonds en dehors du circuit bancaire, le chef de l’Etat a répondu qu’une telle démarche sera «sans résultat», expliquant qu’un changement de la monnaie nationale «entraînerait de longues files de citoyens modestes et non d’hommes d’affaires venant échanger des montants à coup de milliards».
Le dossier des véhicules réglé durant le semestre en cours
A une question concernant le dossier des véhicules, le Chef de l’Etat a assuré qu’il sera réglé durant le semestre en cours, soulignant que l’Algérie se dirigera vers une nouvelle expérience basée sur «le véritable montage automobile». L’expérience passée «n’a donné aucun résultat et nous a coûté une fortune», a-t-il déploré.
Quant au dossier mémoriel, le président de la République a réitéré la défense du dossier de la Mémoire nationale, «qui ne saurait faire l’objet de marchandage dans le cadre des relations bilatérales entre les deux peuples algérien et français, se disant confiant en l’intégrité du président français, Emmanuel Macron à ce sujet.
Sur un autre registre, le président Tebboune a justifié la décision de suppression, lors du dernier remaniement ministériel, du portefeuille ministériel de l’industrie cinématographique par «la lenteur dans la concrétisation des objectifs qu’il attendait». «Je ne blâme personne mais je n’ai pas trouvé qui fera parvenir le flambeau au chaudron», a-t-il regretté. S’agissant du domaine sportif, le président de la République a confirmé avoir rencontré le sélectionneur de l’équipe nationale de football, Djamel Belmadi, le qualifiant de «personne sympathique qui a fait un travail gigantesque qui a remonté le moral du peuple algérien».
Concernant le développement de la situation en Libye, le Président Tebboune a affirmé que l’Algérie était prête à apporter l’aide et l’accompagnement aux Libyens lors de la prochaine étape du règlement politique et d’édification, estimant que les derniers développements politiques et sécuritaires en Libye «sont très positifs et honorent les Libyens».
S’agissant des récents développements au Niger suite à la tentative du coup d’Etat, le président Tebboune a indiqué que «l’Algérie qui rejette toute ingérence dans ses affaires internes se refuse aussi d’évoquer des questions internes d’autres pays». Cependant, a-t-il ajouté «l’Algérie considère les pays avec lesquels elle partage des frontières, à l’instar du Niger et du Mali, en tant que pays frères et tout ce qui leur est nuisible l’est pour nous aussi».
Enfin, s’agissant du conflit au Sahara occidental, le président Tebboune a salué une certaine impartialité dans l’appréhension de cette question, réaffirmant qu’il s’agit «bel et bien d’une question de décolonisation que toutes les parties avaient admis et son règlement implique un retour aux décisions onusiennes pertinentes. «Je le dis sans aucune animosité, car les Marocains et les Sahraouis sont des frères et nous souhaitons une solution satisfaisante pour les deux parties», a-t-il affirmé.
Samir Hamiche