L’ancien président de la République, Abdelaziz Bouteflika, est décédé vendredi à l’âge de 84 ans, plus de deux ans après sa démission.
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a décidé la mise en berne de l’emblème national à travers le territoire national, pendant trois jours. Son intention de se présenter pour un 5ème mandat présidentiel, alors que son état de santé est plus que précaire, sera derrière une colère populaire sans précédent connue sous le nom du hirak, commencé le 22 février 2019, qui verra sortir des millions d’Algériens pendant de longues semaines dans les rues de toutes les villes du pays pour exiger son départ du pouvoir.Un mouvement qui allait se terminer par sa démission le 2 avril de la même année. Vendredi soir, la présidence de la République a annoncé, dans un communiqué, le décès de cet ancien chef de l’Etat qui a présidé aux destinées de l’Algérie pendant 20 ans. Si la date de son enterrement n’a pas encore été annoncée, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a décidé la mise en berne de l’emblème national à travers le territoire national, pendant trois jours, à compter de ce samedi.
UN RICHE PARCOURS POLITIQUE
Né le 2 mars 1937, le défunt Abdelaziz Bouteflika avait succédé en 1999 à Liamine Zeroual lors d’une présidentielle marquée par le retrait des six autres candidats. Il a été réélu trois fois: en 2004, 2009 et 2014, soit une année après un accident vasculaire cérébral (AVC) qui l’avait affaibli physiquement. Dès son accession à la présidence de la République, Bouteflika oeuvrera pour le rétablissement de la paix et la stabilité dans le pays. Il engage le processus de concorde civile, consacré, le 16 septembre 1999, par un référendum qui recueille plus de 98% de suffrages favorables. Il fut à l’origine d’une politique dite de «réconciliation nationale» qui a conduit, en septembre 2005, et conformément à sa promesse électorale, à l’adoption par un référendum populaire, une charte de réconciliation nationale, plébiscitée par 80% des Algériens.
Auparavant, le défunt avait participé à la guerre de libération nationale. Il avait rejoint les rangs de l’Armée de libération nationale (ALN) en 1956 pour assumer, pendant deux ans, la mission de contrôleur général de la wilaya V (1957 et 1958). En 1960, officier de l’ALN, il est affecté aux frontières sud du pays pour commander le «front du Mali» dont la création entrait dans le cadre des mesures visant à faire échec à l’entreprise de division du pays de la part de la puissance coloniale et à organiser l’acheminement des armes pour le compte des maquis de l’ALN à partir du sud, ce qui lui vaudra le nom de guerre de «Si Abdelkader El Mali».
En 1962, il est député à l’Assemblée constituante et à 25 ans, il devient ministre de la Jeunesse, des Sports et du tourisme du premier gouvernement de l’Algérie indépendante. Il est nommé, la même année, ministre des Affaires étrangères. Reconduit dans les fonctions de ministre des Affaires étrangères, il anime jusqu’en 1979, l’action diplomatique de l’Algérie, sous la houlette de l’ancien président feu Houari Boumediene qui avait initié la politique de défense des pays du Tiers monde et le parachèvement des mouvements de libération. Diplomate chevronné et reconnu, Bouteflika impulsera, pendant plus d’une décennie, la politique étrangère qui donnera à l’Algérie une notoriété au niveau international.
Élu à l’unanimité président de la 29ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies en 1974, Bouteflika obtient la mise au ban, par la communauté internationale, du régime sud-africain pour sa politique de l’apartheid et fait admettre, malgré les oppositions, le leader de l’Organisation de libération de la Palestine, feu Yasser Arafat, qui prononcera un discours devant l’Assemblée générale. A la mort du président Houari Boumediene, en 1978, il est contraint à un exil. De retour en Algérie en janvier 1987, il sera signataire de la «motion des 18» consécutive aux événements d’octobre 1988.