Le retour à l’application des gestes barrières et les mesures de protection et de prévention contre le coronavirus est absolument nécessaire pour éviter l’arrivée en Algérie d’une troisième vague de la pandémie.
Ce point de vue est partagé par la plupart des spécialistes de la santé qui ont multiplié les appels dans ce sens au lendemain de la remontée des cas confirmés du coronavirus. Face au rebond des contaminations par la souche d’origine et par les variants britannique et nigérian, comme l’attestent les bilans quotidiens rendus publics ces derniers jours, les professionnels alertent sur le danger d’une troisième vague imminente.
C’est dans ce contexte que le directeur de l’Institut Pasteur d’Algérie (IPA), le Dr Fawzi Derrar, a appelé à freiner l’arrivée d’une troisième vague dans le pays à travers le retour à l’application rigoureuse des mesures de protection. Intervenant, hier, sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale, le directeur de l’IPA a affirmé d’emblée que l’Algérie fait face désormais à une dynamique haussière des contaminations. «Nous assistons à une dynamique haussière des contaminations par la Covid et la stratégie la plus efficace à adopter conjoncturellement est comportementale», a-t-il déclaré.
Pour remédier à cette situation, le Dr Derrar préconise une application stricte des mesures barrières et de protection. Il a affirmé qu’»il faut absolument freiner cette dynamique en retournant à la fermeté dans le strict respect des mesures barrières».
Évoquant les mesures prises lors de la réunion organisée mardi dernier sur l’évaluation de la pandémie tel que le maintien des frontières fermées, le DG de l’IPA les a qualifiées de salutaires. Il a soutenu la prise de la décision de maintenir les frontières fermées étant donné que le va-et-vient des voyageurs laissera un couloir ouvert aux variants du coronavirus, connus pour leur virulence et importante vitesse de transmission. «Les frontières sont fermées et le resteront donc car on a compris qu’une certaine situation a favorisé l’arrivée des variants agressifs qui en ont profité d’une certaine manière pour faire intrusion chez nous et se transmettent rapidement», a-t-il déclaré sur la Radio nationale.
Il a affirmé qu’après consultations avec le Comité scientifique de suivi de la pandémie, le chef de l’État a donné instructions, interpellant «tout un chacun à respecter les mesures barrières strictes et les mesures curatives». Il a souligné toutefois que les mesures curatives par la vaccination n’ont pas d’effet immédiat, précisant que le retour à l’application stricte des mesures de protection est dicté par le risque de l’arrivée d’une troisième vague de la pandémie.»C’est l’urgence de freiner l’avènement d’une troisième vague qui nous exige le retour absolu vers les mesures barrières à savoir l’obligation de porter le masque, la distanciation physique, l’usage du protocole sanitaire et une dense sensibilisation», a-t-il averti.
Évoquant les dernières statistiques des cas confirmés de variants, enregistrés en Algérie, le Dr Derrar a avancé le chiffre de «130 cas du variant britannique et 200 cas du variant nigérian qui ont, en un temps record atteint 20 wilayas déjà avec 50% du variant britannique (qui est le plus inquiétant) circule à Alger, essentiellement contaminée, est source d’inquiétude».
Dans ce contexte, il a affirmé que si des mesures ne seront pas prises, le pays fera face à une troisième vague. «Si on continue à observer ce relâchement sans agir en ne changeant pas notre comportement et respecter les protocoles sanitaires», alerte M. Derrar, alors dans ce cas de figure, «on veut voir venir une troisième vague, d’autant qu’on ne s’est pas encore débarrassé du virus classique covid-19».
Pour ce qui est du retard enregistré par la campagne de vaccination, le DG de l’IPA évoque une tension sur les vaccins au niveau international. «Il y a une tension sur le vaccin qui est mondiale et on assiste au diktat des fournisseurs qui ont intérêt d’ouvrir des marchés çà et là et donc ils ont chamboulé un peu le programme d’acquisition ce qui fait que nous ne recevons plus de vaccin selon le planning d’action initialement établi», a-t-il expliqué. Il a affirmé toutefois que «les choses vont être débloquées progressivement dans les tous prochains jours».
Interrogé sur la décision de l’Institut Pasteur face à l’attitude des citoyens qui ont boudé le vaccin d’AstraZeneca, le Dr Derrar a conseillé de conforter l’action de sensibilisation au sein de la population qui s’impose face à une situation critique qui ne laisse pas le choix. «Une personne vaccinée est un vecteur de transmission en moins», indique-t-il. Il a enfin recommandé «aux citoyens de s’inscrire sur la plateforme de vaccination car il y a péril en la demeure».
Samir Hamiche