Alors que la situation d’accalmie pandémique due au coronavirus se confirme au fil des jours en Algérie, la campagne de vaccination, lancée fin janvier, a pris beaucoup de retard sur le terrain et peine à être généralisée.
Le professeur Mohamed Youcefi, Chef de service d’hématologie et infectieux à l’hôpital de Blida, a affirmé que la situation actuelle est rassurante du fait de la baisse des contaminations par la Covid-19, déplorant toutefois le retard qu’a pris la vaccination.
En réponse à une question sur le fort recul des contaminations, il a affirmé qu’il s’agit d’une «situation rassurante», appelant à la même occasion à ne pas céder au relâchement général.
Insistant sur l’impératif de la vigilance à travers le maintien des mesures barrières et des mesures de protection, le Dr Youcefi a indiqué que «malheureusement, la vaccination traîne beaucoup» en Algérie, alors que celle-ci «est la seule solution, contre toute maladie infectieuse» pour venir à bout du coronavirus. Outre le retard de la campagne vaccinale, le professionnel de la santé a évoqué l’indisponibilité en quantités suffisantes des doses des différents vaccins anti-Covid-19.
«C’est clair, on ne peut se plaindre de cette situation (baise des contamination), on s’en réjouit plutôt, mais on n’est pas à l’abri tant qu’on n’a pas les doses nécessaires de vaccin pour être rassuré définitivement quant à l’état épidémiologique de la population», a-t-il déclaré.
Le professionnel de la santé a longuement parlé sur les variants du SARS-CoV-2, indiquant que le brésilien et sud-africain sont les plus dangereux.
«Beaucoup de pays déclarent être touchés par ces variants, notamment la variant britannique, mais il y a aussi les variants nigérian, californien et sud-africain et brésilien, a-t-il déclaré.
Pour ce qui est du degré de virulence, le Dr Youcefi a affirmé que les variants brésilien et sud-africain sont plus dangereux que le variant britannique.
«Il faut savoir que ces variants sont plus contagieux, plus graves et lorsqu’ils surviennent font beaucoup de dégâts», a-t-il mis en garde.
S’agissant de l’Algérie dont quelques cas de variants britannique et nigérian ont été recensés par l’Institut Pasteur, le professionnel de la santé a indiqué que «La situation épidémiologique est stable, Dieu merci, ce qui fait que l’effet du variant doit être moins important et se répand moins rapidement que s’il a été enregistré dans le pays au mois de novembre ou décembre de l’année 2020.» Dans ce cadre et par rapport à la situation épidémiologique réelle en Algérie, en ce qui concerne les contaminations par les variants, le Dr Youcefi a déploré le faible séquençage pratiqué au niveau de l’Institut Pasteur d’Algérie (IPA).
«Nous avons des échantillons et nous n’avons pas des données de la situation réelle des variants pour la simple raison que l’IPA, malgré ses efforts, on ne fait que très peu de séquençage qui est pratiqué seulement à l’Institut avec des moyens limités», a-t-il déploré.
Revenant à la nature des variants le Dr Youcefi a affirmé que «ces derniers ont globalement les mêmes symptômes et diffèrent uniquement sur le plan virulence et donc sévères en termes de dangerosité qui rend évidemment le vaccin inefficace».
Il a affirmé que «chaque virus fait des mutations et celles-ci peuvent atteindre le chiffre de plusieurs milliers mais beaucoup passent inaperçues car il y’a absence d’effets mais certaines sont plus importantes lorsqu’elles interviennent au niveau de la protéine spike du virus, c’est elle qui permet la fixation sur la cellule hôte au moment où elle entre dans l’organisme humain».
Il a expliqué que la mutation du variant sud-africain est plus importante que la mutation du variant britannique.
«Cette mutation a fait que certains vaccins sont moins efficaces par rapport aux variants sud-africain », a-t-il indiqué.
Il est à signaler enfin que l’Algérie a enregistré 06 nouveaux cas de variant britannique et 15 de variant nigérian de Coronavirus, a indiqué l’IPA dans un communiqué rendu public mardi dernier.
«Dans la continuité des activités de séquençage des virus SARS-CoV-2 mises en place par l’Institut Pasteur d’Algérie dans le contexte de surveillance des variants circulant actuellement dans le monde, il a été procédé à la confirmation de six (06) nouveaux cas de variant britannique (B.1.1.7) et de quinze (15) nouveaux cas de variant nigérian (B.1.525)», a précisé l’IPA.
Détaillant les nouveaux cas de variant britannique, l’Institut Pasteur a précisé que «deux (02) cas ont été découverts dans la wilaya d’Alger, deux (02) cas dans la wilaya de Blida, un (01) cas dans la wilaya de TiziOuzou et un (01) cas dans la wilaya de Ain Defla».
Pour ce qui est des quinze (15) cas confirmés du variant nigérian, il s’agit de «huit (08) cas de la wilaya d’Alger, dont deux (02) de la même famille, deux (02) cas de la wilaya de Ouargla (Hassi Messaoud), un (01) cas de la wilaya de Béjaïa et quatre (04) cas de la wilaya d’Illizi (In Amenas)».
Dans son communiqué, l’Institut Pasteur insiste enfin sur le «respect des mesures barrières, dans le cadre du protocole sanitaire (Distanciation physique, Port du masque de protection, Lavage fréquent des mains)», soulignant que le respect de ces mesures «reste toujours le meilleur garant pour stopper la propagation du virus et l’apparition de nouveaux cas».
Samir Hamiche