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La nouvelle Libye et ses champs de mines
L’Algérie est totalement solidaire de la Libye et appuie la formation du nouveau gouvernement de transition devant aboutir à des élections générales dans ce pays, synonyme d’un début de sortie de crise. Ce ne sera certainement pas facile, mais un pas concret a bel et bien été fait dans le bon sens. De fait, les Libyens seront invités à élire leurs représentants dans le courant de l’année. Cette nouvelle perspective, après une série d’échecs à réunir un consensus entre les autorités de Tripoli et de Benghazi, est porteuse d’espoir pour les millions de citoyens libyens livrés à une guerre sourde, dont ils sont les principales victimes.
Il est cependant clair que malgré les morts par dizaines plusieurs mois après la «révolution», le diktat des milices qui ont toujours refusé toute idée de désarmement, le désordre ambiant au sein de la société et au cœur du pouvoir, les intérêts des occidentaux n’ont pas été trop dérangés. Et pour cause, le seul secteur qui a su résisté un tant soi peu à la guerre est celui des hydrocarbures.
Cette célérité à remettre sur pied le plus grand trésor de ce pays ne résulte pas d’une quelconque volonté de reconstruction de la Libye dont toute l’infrastructure de base a été détruite par les bombardements de l’Otan. En fait, le premier souci dans cette affaire est celui des occidentaux, pressés de récupérer leur mise et tirer les premiers dividendes du coup de main qu’ils ont donné aux « révolutionnaires ». N’oublions pas que les Français, les Britanniques et les Américains avaient présenté une facture de plus de 400 milliards de dollars au CNT, au lendemain de son installation, après la liquidation d’El Kadhafi.
Les nouvelles autorités libyennes qui seront issues du suffrage universel se doivent de prendre leurs distances pour gagner en crédibilité auprès des citoyens qui les auront élus. En d’autres termes, ils sont censés éviter «les courbettes» et ne travailler que dans le seul intérêt de la Libye. Autrement, ce sont les citoyens libyens qui paieront. Ils ne se reconnaîtront plus la même destinée selon qu’ils soient de l’est, du centre, de l’ouest ou du sud du pays. Une faiblesse des nouvelles autorités à venir verra vivre aux libyens les affres d’une lente descente vers l’enfer d’une guerre tribale. Les habitants de l’est, appréhenderont les desseins indépendantistes de seigneurs de la guerre, doigt sur la gâchette, attendant le moindre faux pas. Ceux du centre et de l’ouest seront forcément écrasés par le poids des milices qui leur reprocheront leur frilosité à soutenir la «révolution». Ce futur probable doit absolument être évité. Il y a va de la responsabilité des autorité de transition désignées et surtout du futur Etat, dont la mission sera de déminer le terrain. Ce ne sera pas facile. Cela personne n’en doute.
Par Nabil.G