Oran Aujourd'hui

«Le coeur a ses raisons, que la raison ignore…»

Le constat est sans appel: La situation pandémique dans la wilaya d’Oran est des plus alarmante. Un constat qui semble gagner de jour en jour l’attention de l’opinion publique et raviver quelque peu les craintes et l’angoisse que l’on croyait avoir déjà rangée aux oubliettes du passé. Hier, au quartier des Hlm/Usto, le troisième décès d’un résident par contamination au covid19 était au cœur des discussions. Le médecin du quartier, installé ici depuis une trentaine d’années avait depuis déjà trois semaines constaté la recrudescence des malades affectés, en moyenne près de 4 cas par jour, nous dit-il, ce qui pour un échantillon de 2 000 familles atteste de la nouvelle flambée du virus. Par ailleurs, l’ouverture d’une seconde aile d’admission des malades contaminés à l’hôpital de Nejma indique le niveau de remontée de la courbe, même si en ce domaine l’analyse des données reste encore opaque, inaccessible au citoyen anonyme. Les mises en garde lancées par des spécialistes durant ces dernières semaines se confirment, et rares, de plus en plus rares sont ceux qui osent contester ou remettre en cause l’ampleur du risque et les appels à un retour ferme aux mesures de prévention contre l’épidémie. Cependant, rien n’indique encore que les Oranais ont pris en compte cette nouvelle alerte aux contaminations par un variant du Covid19 qualifié de plus dangereux et de plus virulent. Au marché illicite du quartier, comme dans les magasins et les rassemblements de groupes de voisins au bas des immeubles, le port du masque, dans la manière prescrite, était très peu visible et les règles de distanciation totalement ignorées. Surtout parmi les personnes âgées et vaccinées qui ne cachent même pas leur satisfaction, croyant pouvoir s’abstenir des règles de prévention en «toute sécurité». Rares sont parmi eux ceux qui s’inscrivent dans une démarche collective solidaire permettant de faire front commun pour lutter contre le Covid19, notamment à travers le respect des consignes sanitaires et l’accélération de la vaccination. Sur ce registre, on sait malheureusement que la campagne de vaccination entamée à Oran depuis février dernier, n’a atteint que 3% de la population pour diverses raisons liées à la fois à la politique d’approvisionnement en vaccin, et au faible niveau d’engouement de certaines catégories de population. Cette nouvelle flambée du Covid19, une troisième vague affirment les experts, a encore une fois mis en relief le déficit en infrastructures médicales et en ressources humaines spécialisées, notamment dans le domaine de la réanimation et de la prise en charge des détresses respiratoires. Une source, des plus crédibles, nous confiait hier qu’en 2019, sur un total d’une cinquantaine de médecins réanimateurs formés à Oran et ayant achevé leur année de service civil dans un établissement hospitalier du sud du pays, plus de la moitié d’entre eux sont aujourd’hui en Europe, surtout en France où ils exercent en qualité de médecins spécialistes stagiaires, exploités et «surutilisés» à outrance en ces périodes de peur et de dur labeur liées à la pandémie. «Le coeur a ses raisons, que la raison ignore…»
Par S.Benali

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