Mohamed Arkab, qui s’est exprimé ce jeudi sur la question, révèle que la possibilité de se passer du gazoduc Maghreb Europe est rendue effective grâce au récent projet d’extension de la capacité du ce gazoduc reliant directement l’Algérie à l’Espagne.
L’Algérie a très officiellement décidé de fermer le robinet du gaz transitant par le Maroc pour alimenter l’Espagne. Le contrat qui arrive à échéance en novembre prochain ne sera pas renouvelé par la partie algérienne. Cette décision économisera au pays des dépenses relatives au droit de passage par le territoire marocain du gaz algérien. Notons au passage que le royaume prélève 200 millions de dollars, en sus des 800 millions de m3 que l’Espagne et l’Algérie lui accordent gracieusement. C’est donc une perte sèche pour le Maroc.
Cette décision de rupture de contrats aura pour conséquences le fait que l’ensemble des approvisionnements de l’Espagne en gaz naturel algérien sera assuré à travers le gazoduc Medgaz. C’est le propos du ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, qui s’est exprimé ce jeudi sur la question. Cette possibilité de se passer du gazoduc Maghreb Europe est rendue effective grâce au récent projet d’extension de la capacité du ce gazoduc reliant directement l’Algérie à l’Espagne.
M. Arkab, qui recevait, au siège de son département ministériel, l’ambassadeur d’Espagne en Algérie, Fernando Moran, a affirmé «l’engagement total de l’Algérie de couvrir l’ensemble des approvisionnements de l’Espagne en gaz naturel à travers le Medgaz», selon un communiqué du ministère de l’Energie et des Mines.
Le ministre a d’ailleurs réitéré «la volonté de l’Algérie à renforcer ses relations et à promouvoir le partenariat entre les deux pays pour le bénéfice des deux parties».
S’agissant du domaine des hydrocarbures, M. Arkab a rappelé «les efforts déployés par l’Algérie pour garantir la sécurité des approvisionnements en gaz naturel du marché espagnol à travers les importants investissements consentis pour acheminer dans les meilleures conditions le gaz naturel sur ce marché». A ce titre, le ministre a «mis en exergue les récents projets initiés, à l’image du projet d’extension de la capacité du gazoduc Medgaz reliant directement l’Algérie à l’Espagne». De fait, l’Algérie dispose des moyens nécessaires pour répondre à la demande en gaz de plus en plus croissante des marchés européens et plus particulièrement le marché espagnol.
En plus de cette importante porte énergétique fermée à la figure du royaume, il faut aussi ajouter la relance prochaine du projet de gazoduc transsaharien (TSGP) visant à connecter les gisements de gaz naturel nigérians à l’Europe via le réseau de gazoduc algérien. Le Maroc avait caressé, il y a quelques années, le rêve de détourner le tracé de ce gazoduc pour le faire passer par son territoire. Une entreprise irréalisable ont conclu les experts. Ce jeudi, le ministre de l’Energie et des Mines a annoncé à des invités nigérians que l’Algérie accordait un intérêt particulier à la concrétisation «rapide» dudit projet. «Nous accordons un intérêt particulier à la concrétisation rapide de cet important projet qui donnera un nouvel élan aux relations entre nos deux pays, en termes de coopération technique et de renforcement des capacités», a souligné M. Arkab dans son discours à l’occasion d’une rencontre au siège du ministère avec la délégation de l’Institut national des études politiques et stratégiques du Nigéria (NIPSS) qui effectue une visite en Algérie.
Ceci, a-t-il dit, induira des retombées socio-économiques importantes dans les pays de transit, dans le respect de la protection de l’environnement et du développement durable. A cet effet, le ministre a réitéré le souhait de la partie algérienne de voir le Nigéria ratifier l’accord intergouvernemental relatif au projet TSGP signé en 2009 à Abuja. «Nous devrons œuvrer ensemble pour construire l’avenir énergétique de l’Afrique, à travers le renforcement des relations bilatérales», a-t-il plaidé, tout en relevant «les importantes ressources énergétiques» dont disposent les deux pays leur permettant de développer de nombreux projets d’intérêt commun.
Les arguments d’Arkab sont amplement recevables et le bénéfice que tirera le Nigeria de la relance du projet de gazoduc transsaharien est tellement immense que l’on peut parfaitement imaginer l’émergence d’une dynamique régionale autour de ce grand chantier. Cela est d’autant plus vrai que l’Europe a grandement besoin de l’apport du gaz nigérian dans un contexte de crise énergétique qui pointe à l’horizon.
Ainsi, sur le tableau du Medgaz, comme sur celui du TSGP, le Maroc perd sur les deux tableaux et se voit désormais dans l’obligation d’acheter l’intégralité de sa consommation de gaz auprès des compagnies européennes et américaines.
Yahia Bourit