Le temps des deux crises n’est pas le même. Celui de la sécheresse est autrement plus long et sa gestion est bien plus coûteuse, le déploiement rapide et efficace sur les deux fronts permettra de réduire la tension sur de nombreux points de la République.
La crise sanitaire relègue au second plan, l’autre crise tout aussi grave qui est celle de la pénurie d’eau. Si les tensions apparues au début de l’été semblent s’être apaisées, ce n’est certainement pas parce que la situation de l’alimentation en eau potable s’est améliorée. Ce serait plutôt l’urgence sanitaire, avec son lot de contamination et de décès en forte hausse, qui a mis le couvercle sur un état des lieux, encore très difficile, en raison de l’absence de toute précipitation sur une période de plusieurs mois. La raréfaction du précieux liquide est l’urgence des urgences selon de nombreux observateurs, en ce sens qu’il n’existe aucune autre alternative que celle de fournir l’eau à la population, au risque de voir les tensions sociales prendre des allures inquiétantes. Il faut dire, à ce propos, que le niveau de conscience de la société est un facteur éminemment important pour permettre aux pouvoirs publics de travailler dans la sérénité. Cet état de fait est valable dans la stratégie anti-Covid, il l’est également sur la sensible question de l’eau.
A voir les récentes décisions prises sur les deux tableaux, on est forcé de constater que l’Exécutif prend très au sérieux les deux fronts. Ainsi, en même temps que des décisions sont prises sur le volet sanitaire, le gouvernement a actionné d’importants leviers pour garantir une alimentation en eau potable, plus ou moins acceptable par la population.
Dans cette autre course contre la montre, l’exécutif a décidé de miser sur les compétences et moyens nationaux. Ainsi, pour sécuriser, un tant soi peu, l’Est de la wilaya d’Alger, les deux principaux acteurs publics de la scène économique sont mises à contribution, à savoir Sonatrach et Cosider mobilisent leurs filiales pour la réalisation en un temps de record de 3 stations de dessalement d’eau de mer. Deux filiales de Sonatrach, AEC et GCB, et la société Cosider-canalisation, ont signé une lettre d’engagement pour la réalisation de trois stations de dessalement d’eau de mer, à Bordj El Kiffan, El Marsa (Alger) et Corso (Boumerdès) pour alimenter la région Est de la capitale. La capacité de production globale de ce complexe de dessalement sera de 170.000 m3 par jour. Toutes les installations seront opérationnelles dans un délai maximal de 12 mois, mais les premiers m3 seront produits 5 mois après l’entame du projet.
Ce nouvel apport ne débarrassera certainement pas la capitale du stress hydrique qu’elle vit depuis plusieurs mois, mais pourra contribuer à garantir une présence du précieux liquide dans les robinets sur des plages horaires susceptibles de permettre aux foyers de s’organiser. En effet, si l’on considère que la Covid-19 sera maîtrisé dans les deux prochains mois au plus tard, grâce aux décisions énergiques prises par le gouvernement et la solidarité agissante des Algériens, l’Etat est dans l’obligation de donner le change aux citoyens pour les amener à patienter le moins de temps possible.
Dans le cas de l’Est de la capitale, cinq mois, ce peut être gérable, lorsque la promesse est suivie par une exécution sur le terrain. Mais compte tenu de la situation hydrique catastrophique, le risque zéro n’existe pas, même si les agents de la Seaal ont déjà entrepris le forage de très nombreux puits artésiens, dont quelques-uns sont déjà entrés en production.
Cela pour la capitale. Mais la pénurie d’eau est généralisée et les interventions, comme sur le front sanitaire, s’étalent sur des centaines de communes et de villes.
Outre la décision de doter toutes les wilayas côtières de stations de dessalement d’eau de mer, la récupération des eaux usées, à travers la réalisation de stations de traitement et le forage de nouveaux puits aux quatre coins du pays, constituent autant d’actions qui se mènent tambour battant.
Cela dit, le temps des deux urgences n’est pas le même. Celui de la sécheresse est autrement plus long et sa gestion est bien plus coûteuse, le déploiement rapide et efficace sur les deux fronts permettra de réduire la tension sur de nombreux points de la République. Mais dire que tout sera sous contrôle total dans les tous prochains mois, serait mentir aux Algériens. La guerre contre la Covid-19 et la pénurie d’eau est encore longue…
Nadera Belkacemi