L’Algérie est confrontée à une conjoncture économique difficile due à la chute des prix du pétrole et l’impact du coronavirus. De leur côté, les entreprises ont fait face à une multitude de problèmes qui se sont multipliés depuis l’arrivée de la pandémie de la Covid-19.
Pour remédier à cette situation, les autorités ont mis en place un plan de relance économique sur lequel repose les espoirs des chefs d’entreprises, investisseurs et opérateurs pour effacer les affres de la crise. Toutefois, les analystes économiques estiment que les solutions apportées jusqu’ici n’ont pas répondu positivement aux attentes afin d’atténuer les difficultés enregistrées ces derniers mois.
Ce constat est partagé par l’analyste économique, Mahfoud Kaoubi, qui a appelé à revenir au financement par le budget de l’investissement pour sauver les entreprises lourdement endettées. Intervenant, hier, sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale, il a estimé d’emblée qu’il faut revoir la copie du plan de relance économique, puisque, indique-t-il, l’investissement ne reprend pas. «Il faut revoir la copie de la relance économique car au-delà des annonces et des manifestations d’intérêt matérialisées par des PV et des recommandations, des commissions, la réalité est là. L’investissement ne reprend pas», a-t-il déclaré. Il a indiqué que plusieurs entreprises souffrent et il y a même celles qui ont déposé leurs bilans. «Certaines entreprises ont maintenu un certain niveau d’activité très faible, ce qui se traduit par les licenciements ou le gel du recrutement», a-t-il ajouté.
L’analyste a affirmé que toutes ces difficultés ont résulté une stagnation puis la baisse de la croissance économique du pays. «La croissance économique est pratiquement dans un état statique après un recul très sensible en 2020, avec un taux de -6,5%, sous l’effet des problèmes d’approvisionnement de production qui se manifestent de plus en plus», a-t-il déploré.
Après ce constat qu’il a avancé, M. Kaoubi a indiqué qu’il faut revoir la copie du plan de relance économique. «Il faut revoir cette copie parce que nous attendions à ce que le gouvernement soit beaucoup plus agressif et que des mesures concrètes et beaucoup plus audacieuses soient prises», a-t-il plaidé. Il a ensuite indiqué que ces recommandations n’ont pas été appliquées et les résultats sont là : ils se caractérisent par les problèmes auxquels sont confrontés aussi bien les entreprises que les individus.
Interrogé, par ailleurs, sur les mesures d’urgence qui s’imposent pour remettre sur rail tous les chantiers afin de relancer l’activité économique et le maintien en vie des entreprises, M. Kaoubi a indiqué qu’il faut lancer des actions.
Appelant à la mise en place «d’actions réelles», l’analyste a souligné le problème des créances impayées dont souffrent les entreprises. «Quand nous voyons que beaucoup d’entreprises détiennent encore des créances lourdes sur l’administration qui ne sont payés qu’au compte-goutte», a-t-il déploré. Il demande ensuite comment ces entreprises maintiennent leurs activités. Il a souligné dans ce cadre les difficultés rencontrées par les entreprises en termes de financement et d’investissement. «Quand beaucoup de projets sont gelés, faute de financement, parce qu’actuellement on s’installe dans la crise du financement de l’investissement qui se pose avec acuité aussi bien pour le secteur public via le trésor et le secteur privé par les banques », explique-t-il.
Il a ensuite affirmé que «les entreprises vivent aussi une incertitude et un manque de visibilité dans la mesure où beaucoup de mesures, même de faibles impacts, n’ont pas été appliquées dans la réalité avec la sérénité et le sérieux requis».
Il a souligné dans ce cadre que c’est toute la différence qui existe entre les décisions qui sont annoncées et la réalité du terrain.
Samir Hamiche