Oran Aujourd'hui

Un téléphérique hors service depuis quarante ans…

On raconte à Oran que c’est le défunt Président Chadli, durant une visite de travail à Oran, qui avait à l’époque lui-même ordonné la construction d’un téléphérique devant permettre aux familles oranaises de se rendre plus facilement à la «Ziara» du petit mausolée de Sidi Abdelkader perché au sommet du Murdjajo. L’ancien président, qui connaissait bien la ville pour y avoir longtemps séjourné, avait , selon des témoins, une vision et une approche très pragmatique de la gestion du développement local de la grande ville, fondée sur les besoins réels constatés et non sur les théories de croissance urbaine aussi utiles soient-elles. Mais aujourd’hui beaucoup oublient de dire que le Président Chadli avait préconisé la construction d’un téléphérique en insistant également sur la réalisation d’un grand projet de parc zoologique et de loisirs devant être implanté sur les hauteurs de la Montagne du Murdjajo. Un projet concrétisé à Alger, la capitale, mais vite abandonné à Oran et oublié par les décideurs-planificateurs de l’ancien système. Ainsi que par les responsables successifs qui depuis l’indépendance se sont succédé à la tête de la wilaya oranaise. Et aussi par tous les présumés «notables» et élus locaux installés à la Mairie pour servir de décor à la façade démocratique. Fatalement, à l’image de ce téléphérique, trois rénové en quarante ans mais qui demeure à ce jour toujours «hors service», un trop grand nombre de projets, d’actions, et d’opérations programmées demeurent coincés, pénalisés par un flagrant manque de rigueur, de compétence et de crédibilité. Ce téléphérique, survolant une vaste zone de baraquements sauvages et illicites, n’avait au départ rien d’attirant ni d’attractif pour d’éventuels touristes locaux ou étrangers voulant contempler la cité du haut du plateau de Sidi Abdelkader. Mais il était le bienvenu pour bon nombre de familles qui s’évadaient un vendredi aux abords du mausolée, pour allumer une bougie et demander une bénédiction. Un atavisme religieux sans relation avec la promotion du tourisme local. Le très faible rendement et le déficit d’exploitation de cet investissement, qui a englouti au total de quoi construire trois autres téléphériques identiques, reste lié à une réelle absence d’utilité et d’attractivité de ces cabines suspendues, plutôt redoutées par une population qui connaît bien leur histoire et leur parcours. Des cabines à triste réputation, qui permettent de «contempler» l’hideux paysage du bidonville et de la misère urbaine, avant d’arriver sur un site marginalisé et vaguement aménagé en présumée aire de détente et de loisirs…
Par S.Benali

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