Mostaganem:
1er 1954, le Dahra mostaganémois était au rendez vous
L’histoire retiendra que les coups de feu annonçant le déclenchement de la grande guerre de libération nationale et le premier chahid ont été enregistrés dans la wilaya de Mostaganem.
Un fait imprévu que nous allons évoquer ci-dessous a été à l’origine des premiers coups de feux avant l’heure « J ». Signalons que l’étoile Nord Africaine, dirigée par Messali Hadj et avait comme président d’honneur l’Emir Khaded, petit fils de l’Emir Abdelkader, son concepteur a été introduite à Mostaganem dès le début des années 1930 par le biais de l’union littéraire de Mostaganem présidée par « Benasdoun Hadj Ali ». Ainsi s’est développé dans la wilaya de Mostaganem, notamment dans le Dahra, où le PPA-MTLD (Parti du peuple algérien – mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques) ont trouvé un bon ancrage. En effet, durant l’été 1954, la région du Dahra Mostaganémois comptait plus de trois cents militants bien structurés dans les rangs du PPA-MTLD, sous la direction de Bordji Amar.
Ces militants bien préparés politiquement, engagés, sincères et animés d’une foi inébranlable pour la cause algérienne, étaient prêts à passer à l’action. Ainsi, Benabdalmalek Ramdane, du groupe des 22, a été désigné pour préparer avec Bordji Amar le déclenchement de la guerre de libération nationale dans le Dahra Mostaganémois, où toutes les conditions étaient réunies. C’est alors que les préparatifs ont commencé par des réunions des chefs de groupes de militants. Ceux-ci sont entraînés à des exercices militaires dans le secret le plus absolu. Des militants sont choisis pour être préparés en vue d’accomplir à la date et heure « J » des actions de sabotage devant porter atteinte aux colons et à l’administration française.
En effet, dans la nuit du 31 octobre 1954 à vingt trois heures quarante, soit 20 minutes avant l’heure « J » fixée à zéro heure, un colon fut tué par balles tirées par le moudjahid Boukniene Tayeb au moyen d’un fusil Mauser. Les faits ont eu lieu devant le siège de la brigade de gendarmerie de Cassaingne (Sidi Ali). Dans un témoignage de Mendes, ami dudit colon tué, qui se trouvait au moment des faits avec lui, relate les circonstances de la mort de Laurent François.
«Les deux colons habitant au village de Picard (actuellement Khadra) situé à 70 km à l’est de Mostaganem, revenaient en voiture automobile 4 chevaux d’une soirée dansante passée au grand hôtel à Mostaganem. Ils ont décidé de faire un détour à Cassaigne (Sidi Ali). Peu après le carrefour de la nationale onze et le chemin départemental (wilaya) six, les deux occupants de la 4 chevaux voient surgir dans une lumière de phares un homme en slip et tricot (gérant d’une ferme réveillé par les aboiements de chiens, gesticulant. Il leur crie d’aller chercher du secours. La 4 chevaux stoppe, François qui conduisait ouvre la portière. Deux coups de feux claquent, l’homme s’enfuit dans les vignes (cet homme faisait partie d’un groupe de moudjahidine postés en vue d’attaquer à l’heure « J » la ferme). Mendes essuie avec un mouchoir le sang de son copain François qui a été touché au front. Le pare brise de la voiture et la vitre du chauffeur ont été brisés. La 4 chevaux fonce tout droit à la brigade de gendarmerie de Cassaigne (Sidi Ali), elle s’arrête devant la porte cochère.
Laurent François frappe à coups redoublés et tire la chaine de la cloche. Il est minuit moins vingt minutes quand un tir d’arme de guerre retentit, Laurent François est atteint à la tête et s’écroule. Deux autres coups sont encore tirés visant Mendes qui s’est jeté à terre en cognant du pied au portail de la brigade de gendarmerie. La prison toute voisine s’éclaire. Les moudjahidines qui étaient postés à quelques dizaines de mètres de la brigade, dont l’un d’eux, BouKniène Tayeb avait tiré les coups de feux avec un fusil « Mauser », se sachant découverts quittent les lieux. Mendes s’est relevé et court vers le village chercher du secoure et se retrouve face à face avec Rodrigues qui a revêtu sa djelaba et pris son fusil de chasse. Deux gardiens de nuit sont là. Rodrigueset Mendes vont chercher le docteur Gilbert. A leur retour à la gendarmerie, le portail s’ouvre à la demande du médecin. Laurent git toujours inanimé.
Il rendra son dernier souffle durant son transport à l’hôpital de Mostaganem. Pendant ce temps, des groupes de moudjahidines passent à l’action à Bosquet (Hadjadj) et Ouillis (Benabdelmalek Ramdane). Des poteaux électriques sont sciés, des fils téléphoniques coupés, des transformateurs électriques sabotés et des fermes de colons incendiées. A Cassaigne (Sidi Ali) où l’attaque de la gendarmerie avait échoué, à cause des faits suscités, un gardien de nuit à été désarmé. A partir du matin du premier novembre 1954, la chasse aux militants du PPA- MTLD fût déclenchée. Une trentaine d’attaques contre les intérêts coloniaux ont été menées à travers le territoire national, annonçant la guerre de libération nationale du premier novembre 1954. Les services de renseignements français ont été pris au dépourvu tellement le déclenchement de la guerre de libération nationale était entouré du grand secret. Des moudjahidines furent arrêtes et condamnés par des tribunaux militaires à la peine de mort ou à des travaux forcés. Le 4 novembre 1954, Benabdelmalek Ramdane est tué les armes à la main par les forces coloniales à la forêt des Ouled Larbi dans la commune de Lapasset (Sidi Lakhdar). Il fut le premier martyr de la guerre de libération nationale. Bordji Amar, chef de file des moudjahidines dans le Dahra mostaganémois fût tué les armes à la main avec son neveu Kaddour lors d’un accrochage avec les forces colonialistes le 22 décembre 1954 au douar Ouled Hadj dans la commune de Ouillis (Benabdelmalek Ramdane). Il convient de souligner que la guerre de libération nationale qui a été organisée par des génies révolutionnaires et qui a duré 7 ans et cinq mois est parvenue à avoir une dimension internationale et à faire adhérer des hommes libres de plusieurs pays dont les Etats unis d’Amérique et même de France. Le 5 juillet 1962 l’indépendance de l’Algérie fût reconquise au prix d’un million cinq milles chahid. Aussi, il est utile de rappeler que durant 132 ans que la France a occupé militairement l’Algérie, elle n’a pas cessé un instant de faire subir aux Algériens les pires humiliations caractérisées par l’emprisonnement, les déportations très lointaines, les assassinats, les tortures, pour tous ceux qui refusaient sa présence dans leur pays.
La torture inhérente à l’ensemble colonialiste sera érigée en système de combat avec ses théoriciens, ses spécialistes policiers, et amateurs aussi même déséquilibrés y avaient recours pour prendre plaisir. De nos jours encore, des Algériens souffrent des séquelles de la torture dont ils furent l’objet de la part des colonialistes français. Selon plusieurs historiens, de 1830 à 1962, plus de huit millions d’Algériens ont été tués par les colonialistes. Et soulignons pour l’histoire de façon objective et rationnelle que le courant nationaliste dans sa forme moderne qui faisait suite aux multiples insurrections populaires menées depuis l’Emir Abdelkader a été crée à partir de 1926 par l’Emir Khaled et devait donner naissance successivement à l’Etoile Nord Africaine, PPA –MTLD – CRUA et FLN qui a aboutit a l’indépendance de l’Algérie le 5 juillet 1962.
Charef N