L’activisme de l’Algérie en faveur de la paix en Afrique, le soutien direct à de nombreux Etats pauvres du continent et les excellentes relations que l’Algérie entretient avec les pays de l’UE, les Etats Unis d’Amérique, la Russie et la Chine en font un acteur déterminant de la géopolitique planétaire.
Alger est au centre, ces tous derniers jours, d’un ballet diplomatique d’un haut niveau. En quatre jours seulement. En effet, au lendemain du départ du chef de l’Etat français, la République a successivement reçu le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, et le président de la Guinée Bissau, Umaru Sissoko Emballo. Ces trois chefs d’Etats, entre Français et Africains ont rendu visite à l’Algérie mus par des motivations différentes, mais il n’en demeure pas moins qu’ils partagent le même objectif de consulter l’État algérien sur des dossiers qui les concernent. Si le séjour du Président Macron est certainement bien plus chargé en symbolique et en vision stratégique, en ce sens que Alger et Paris partagent une longue histoire commune et un contentieux mémoriel, les deux autres représentants d’Etats africains indépendants étaient aussi porteurs d’ambitions et entendent développer un partenariat tout aussi stratégique avec l’Algérie. Abiy Ahmed, dont le pays est en conflit presque ouvert avec le Soudan et l’Egypte en raison du méga barrage qu’il a édifié sur les berges du Nil bleu, ainsi qu’un mouvement de rébellion au nord de son territoire, a déjà sollicité l’Algérie pour jouer un rôle d’intermédiaire entre l’Ethiopie et les deux autres nations d’Afrique de l’est. Le Premier ministre éthiopien n’a pas fait secret aussi de son autre ambition, celle de développer des relations économiques avec l’Algérie. L’Ethiopie qui se distingue par une croissance à deux chiffres est l’une des nations africaines les plus prometteuses. Aussi, l’Algérie peut jouer un rôle diplomatique, mais développer également un partenariat fécond avec ce pays.
Le second chef d’Etat à fouler, avant-hier soir, le sol algérien, le président Bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo est venu, lui aussi, sollicité l’expertise algérienne, mais également son influence sur le dossier du Sahel. Le chef d’Etat de la Guinée Bissau, dont l’intérêt premier est la stabilité dans la région de l’Afrique de l’ Ouest, est venu discuter avec le Président Tebboune de la situation qui prévaut dans le Sahel, en sus de la coopération entre les deux pays. Il faut dire que la situation géopolitique nouvelle qui propulse l’Algérie au devant de la scène afro-européenne n’est pas dû au simple hasard. Son activisme en faveur de la paix en Afrique, le soutien direct à de nombreux Etats pauvres du continent et les excellentes relations que l’Algérie entretient avec les pays de l’UE, les Etats Unis d’Amérique, la Russie et la Chine en font un acteur déterminant de la géopolitique planétaire. Il n’est donc pas un hasard qu’Emmanuel Macron vienne à Alger refonder les relations entre les deux pays, ou que des chefs d’Etats africains sollicitent l’aide et l’expertise algérienne dans de nombreux domaines. Il est, en effet, entendu que l’aura de l’Algérie, en ces temps troubles qui annoncent un nouvel ordre mondiale qui impactera l’ensemble de la communauté internationale, l’Algérie occupe un rang appréciable et est justement appréciée par son positionnement non-aligné qui la met à équidistance de tous les pôles stratégiques, actuellement en mouvement. Ainsi, le pôle occidental, avec les USA et l’UE, l’axe sino-russe ou encore plus généralement les BRICS, sont tous stratégiquement liés à l’Algérie. Aussi le ballet diplomatique auquel l’opinion nationale a assisté n’est que le début d’un long processus de dialogue international où l’Algérie prend une part centrale.
Anissa Mesdouf