Mostaganem : colloque national sur les enfumades du Dahra
Le département des sciences de l’information et de la communication de l’université de Mostaganem, avec l’APC de Nekmaria, a organisé hier une rencontre nationale sur « les enfumades du Dahra », un crime contre l’humanité commis dans la nuit du 18 au 19 juin 1845 par la soldatesque française commandée par le sinistre et sanguinaire colonel Jean Jacque Pélissier.
Cette opération barbare et criminelle avait pour théâtre la vaste grotte dite « Ghar Frachikh » située dans le Dahra Mostaganémois, plus précisément dans la commune de Nekmaria, où plus de 1200 hommes, femmes et enfants de la tribu des Ouleds R’Hiahs périrent asphyxiés par enfumades. En effet, dans les débuts des années 1840, Boumaza, un jeune soufi de 25 ans, souleva tout le Dahra, immenses chaines de montagnes s’étalant de Miliana à Mostaganem. La répression par les forces coloniales était terrible en représailles surtout quand elles subissaient des pertes de la part des moudjahidines.
Selon des historiens français, des femmes et des enfants sont arrêtés et conduits à Mostaganem pour être enfermés dans le bordj EL Mehal (Citadelle des cigognes) situé au quartier Derb. Ces femmes et leurs enfants vivaient misérablement et dans de très mauvaises conditions d’hygiène. Plusieurs sont morts à la suite de maladies. Et le comble, de temps à autre, un curé organisait des cérémonies de baptêmes d’enfants en présence de leurs mères stupéfiées, ne sachant pas de quoi il s’agit. Ainsi, après avoir été humiliés par Boumaza et ses hommes, Pélissier et sa troupe se dirigeaient vers la tribu des Ouled R’hiahs. Ceux-ci craignant d’être conduits de force à Mostaganem, décidèrent de se réfugier dans la grotte « Ghar Frachikh », située a quelques kilomètres. Informé, le sinistre colonel Pélissier et ses soldats se dirigèrent vers la dite grotte. Ils fermèrent toutes ses issues, et allumèrent le feu à l’entrée de la grotte. Ainsi, toute la nuit du 18 au 19 juin 1845, un gigantesque brasier fut entretenu à l’aide de branchages et de souffre.
La fumée épaisse qui pénétra à l’intérieur de la grotte décima plus de 1200 hommes, femmes et enfants. Le colonel Pélissier a commis ce crime contre l’humanité sous les ordres de Bugeaud, gouverneur général de l’Algérie «fumez-les comme des renards ». Ainsi, pour commémorer cet inqualifiable crime qui a dépassé les horreurs des nazis, des étudiants et des citoyens se sont rendus, hier, sur lieux de l’hécatombe pour écouter des professeurs d’universités de nombreuses wilayas qui ont évoqué avec minutie les enfumades du Dahra et d’autres crimes contre l’humanité que les soldats, policiers et colons, caractérisés par une dépravation intellectuelle et morale, ont commis à l’endroit du peuple algérien qui refusait leur présence en Algérie de 1830 à 1962.
Charef N