Oran Aujourd'hui

Rue de la Bastille : un «point noir» oublié et écarté des préoccupations en matière d’hygiène et d’urbanisme ?

Le marché des Aurès, plus connu par les Oranais sous le nom de marché de la Bastille, continue encore à ce jour de nourrir l’indignation et la colère sourde des habitants riverains qui ne cessent de dénoncer sur les réseaux sociaux le pitoyable état des lieux de cette vieille ruelle commerciale très fréquentée mais bien connue pour son environnement insalubre.
La semaine dernière, commerçants, clients et marchands informels s’efforçaient encore une fois d’éviter de marcher sur des flaques d’eau nauséabondes formées par l’écoulement fréquent d’eaux usées du vieux réseau de conduite d’assainissement en attente de rénovation depuis des décennies. Certains étalages de fruits et légumes étaient même installés sur ces écoulements, juste à côté d’un regard détérioré, camouflé par des planches et des cartons comme pour atténuer semble-t-il le débordement de l’eau usée et les odeurs insupportables. Selon des clients habitués, ce marché insalubre et clochardisé continue malgré tout d’être fréquenté par les résidents de ce quartier du centre ville et parfois même par des visiteurs surpris et choqués par cet environnement repoussant.
De leur côté, les marchands, légaux ou illicites, brandissent toujours l’argument du «gagne-pain quotidien» leur interdisant de cesser leurs activités même temporairement. Cette ruelle marchande du centre ville est devenue un passage obligé pour bon nombre de ménagères du voisinage, d’employés et travailleurs exerçant au centre ville et venant s’approvisionner après une journée de travail. On se souvient qu’en 2015, le maire d’Oran en poste avait annoncé le lancement prochain d’un projet d’aménagement de la rue de la Bastille en marché de proximité esthétique et moderne, au format dit de «marché parisien», incluant des travaux de rénovation des réseaux, de réhabilitation des façades et de consolidation des structures de certains immeubles en voie de délabrement. Un projet qui nécessitait le déplacement temporaire des marchands vers un autre site, notamment celui de l’ancienne cave vinicole située à la place Hoche.
Malheureusement, à ce jour, le refus ferme des marchands de transférer leurs étals a empêché d’entamer cette d’opération. La rue de la Bastille, où le nombre d’étalages de fruits et légumes légalement autorisés ne dépasse pas la centaine, compte chaque jour près de deux cents marchands, légaux ou illicites qui occupent le moindre petit espace libre dans des conditions d’hygiène et de sécurité alarmantes.
En novembre 2015, il y a dix ans presque jours pour jour, lors d’une visite effectuée sur la place de la Grande poste, aux abords de la rue de la Bastille, un élu local en poste à l’époque a été violemment interpellé par des individus se déclarant «propriétaires d’une table» sur le marché de la Bastille et menaçant «quiconque oserait venir leur enlever leur gagne-pain».
C’était il est vrai la vieille époque où l’ancien régime déchu ordonnait «la préservation absolue de l’ordre social par tous les moyens», même au détriment des lois et des règlements en matière d’urbanisme, d’hygiène, et d’environnement. Mais à ce jour, la rue de la Bastille reste clochardisée et abandonnée, voire oubliée par des responsables de passage et élus locaux qui ne l’inscrivent même-plus dans leur agenda de visite des «points noirs» à éradiquer…

Par S.Benali

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