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La première allégeance à l’Emir Abdelkader : point de départ pour bâtir un projet national de résistance à la colonisation française

La première allégeance à l’Emir Abdelkader, qui eut lieu le 27 novembre 1832, est considérée comme le point de départ de la construction d’un projet national visant à résister à l’armée coloniale française, selon des chercheurs en histoire de l’Algérie moderne et contemporaine et en résistance populaire de la wilaya de Mascara.

A ce sujet, le professeur Lahcen Djaker, spécialiste de l’histoire de l’Algérie moderne et contemporaine à l’université «Mustapha Stambouli» de Mascara, a indiqué, dans une déclaration à l’APS à la veille de la célébration du 193? anniversaire de cet événement historique, que la première allégeance à l’Emir Abdelkader, sous l’arbre «Dardara» dans la région de Ghriss (Mascara), constitue le premier jalon dans la construction d’un projet national de résistance contre l’armée coloniale française. Cet événement a permis de rassembler les voix et d’unifier les rangs des tribus algériennes face à l’occupant. Le même intervenant a ajouté que cet événement historique majeur a conféré au fondateur de l’Etat algérien moderne une légitimité, puisqu’il représentait un mandat populaire lui donnant autorité pour diriger la lutte contre les forces coloniales françaises.

Les Algériens ont vu dans la résistance de l’Emir un symbole de fermeté et d’unité face au colonisateur. Pour sa part, le chercheur en histoire de la résistance populaire dans la région, Ahmed Touakine, a souligné que «la première allégeance à l’Emir Abdelkader a établi un projet national fondé sur un objectif unique : chasser les forces coloniales françaises et restaurer l’Etat algérien qui existait avant l’occupation». Il a affirmé que cette étape historique importante offrait au fondateur de l’Etat algérien moderne une couverture légale et religieuse pour lutter contre l’armée coloniale française. Elle s’est déroulée dans le cadre du principe de la choura, en présence des cheikhs des tribus, des notables, des savants et jurisconsultes, ce qui lui a conféré une légitimité liée à la défense de la religion, de la terre et de l’honneur. Le même chercheur a indiqué que la première allégeance à l’Emir Abdelkader fut également une phase essentielle et déterminante pour l’établissement d’un Etat national moderne fondé sur des institutions organisées, à travers la création d’une armée régulière et de dawawine chargés de l’administration, de la justice et des finances, ainsi que l’établissement de relations diplomatiques avec plusieurs pays.

Selon M. Touakine, cette allégeance a constitué un étape charnière qui a changé le cours de l’histoire moderne de l’Algérie, car elle a posé les bases d’une résistance nationale organisée, jeté les fondements de l’Etat et démontré que la volonté collective pouvait faire face aux ambitions des forces coloniales françaises de l’époque. Le professeur Taki-Eddine Boukaâber, enseignant en histoire de l’Algérie moderne et contemporaine à l’université «Mustapha Stambouli» de Mascara, a rappelé que la première allégeance à l’Emir Abdelkader a été la première pierre de l’Etat algérien moderne, qui a affronté entre 1832 et 1847 l’une des plus puissantes armées du monde à l’époque.

Boukaâber a souligné que l’Emir Abdelkader s’appuyait, dans sa résistance contre les forces de l’armée coloniale française, sur des savants, des jurisconsultes et des compétences intellectuelles qu’il nommait à la tête de son armée, ainsi que comme représentants dans plusieurs régions du pays, à l’instar de Mustapha Bentouhami, Mohamed Bouhamidi El-Oualhassi et Mohamed Benallal.

 

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