La pénurie d’oxygène, ou la stratégie du chaos
Bonne nouvelle: Une enveloppe de 160 millions de dinars a été affectée à l’acquisition d’unités de production d’oxygène et à leur installation au niveau des établissements de santé de la wilaya d’Oran. C’est en tout cas ce que l’on a appris jeudi dernier à travers un communiqué de presse de l’Assemblée populaire de la wilaya d’Oran.
Une initiative à applaudir, mais qui prouve, s’il le fallait, combien cette «crise de l’oxygène médical» met en relief la stratégie du laxisme et du chaos menée depuis des décennies au chevet du secteur de la Santé en maladie chronique depuis longtemps. On sait que partout dans le monde les grands établissements hospitaliers sont dotés d’une unité de concentration d’oxygène produit et distribué automatiquement à travers les différents services de chirurgie et de réanimation.
Pourquoi, se demandent tous les observateurs, les grandes infrastructures sanitaires à Oran n’ont jamais bénéficié de cet équipement d’accompagnement et ne peuvent que compter sur la livraison hebdomadaire de bouteilles d’oxygène par les trois unités industrielles privées de production et de remplissage situées à la wilaya d’Oran ? Selon un éminent professeur de médecine connu à Oran, spécialiste en pneumologie aujourd’hui en retraite, les anciens débats sur l’avant projet de réalisation du grand hôpital universitaire de l’USTO avaient largement évoqué le sujet.
Mais «l’autoritarisme» du système de gouvernance de l’époque avait écarté toute idée innovante et toute projection à long terme en matière de conception et de consistance du projet. Le grand EHU, comme le vieux CHU d’Oran sont donc restés tributaires des méthodes archaïques d’alimentation en oxygène des services médicaux par le remplissage et le stockage des bouteilles.
On se souvient, il y a presque un an jour pour jour, de ce professeur de médecine qui voulait alerter le wali d’Oran sur un début de pénurie d’oxygène à l’Hôpital et qui a été indécemment interrompu par le responsable local de l’époque , fier d’indiquer qu’il avait «un ami propriétaire d’une unité de production d’oxygène qui peut vous dépanner… ».
A l’époque il est vrai que bien plus que l’oxygène lui-même, c’était surtout la disponibilité des évaporateurs et des lits dotés de branchements aux bouteilles qui faisaient défaut. Mais avec le renforcement des structures en nouveaux lits d’hospitalisation, et la hausse vertigineuse des cas de contamination, on pouvait se douter que les stocks d’oxygène disponible n’allaient plus suffire. «Gouverner c’est prévoir» dit la célèbre citation. Mais encore faut-il avoir les compétences et les capacités d’analyse des situations de crise pouvant rapidement évoluer vers les drames et le chaos.
Par S.Benali