Jusqu’où et jusqu’à quand ?
L’élan de solidarité ou plutôt les élans de solidarité fleurissent à ne plus finir sur les réseaux sociaux. Certains n’ont pas hésité à mettre en scène, presque en direct, leur « action de charité » dans ce qu’ils ont présenté comme une course contre la montre pour sauver des vies humaines, comme on l’a vu dans cette grande wilaya du pays où selon le bienfaiteur il ne restait que quelques minutes de la rupture de l’oxygène dans un hôpital de la ville, avant qu’il n’intervienne lui et ne sauve les malades avec sa cargaison d’oxygène. Ouf, el hamdoullillah !
D’autres prennent en photo des centaines de liasses de billets pour montrer les importantes sommes d’argent qu’ils ont amassés pour acheter l’oxygène. D’autres encore confectionnent même des affiches avec leurs photos et font du « marketing de charité » sur le malheur des gens. Mais jusqu’où peut-on aller comme ça dans l’exploitation éhontée du malheur des gens. Et comment peut-on se permettre d’exploiter de cette manière inacceptable la douleur de gens qui vivent, eux et leurs familles, les moments les plus durs de leur vie.
Si au début l’élan de solidarité était sincère et spontané, il pose aujourd’hui un vrai questionnement sur ces nouveaux samaritains, qui semblent bien calculer leur coup et sont en train d’utiliser les corps des malades pour monter vers leurs seules ambitions et projets douteux. Cette troisième vague de la pandémie a été fulgurante et mortelle, mais elle a aussi ouvert les portes à des comportements qui posent interrogations. Les défaillances et la mauvaise préparation de nos hôpitaux pour faire face à de telles situations a vite été remplie par de froids calculateurs qui ont pris d’assaut les réseaux sociaux et ont imposé leur logique et leur stratagème à une population qui ne pense qu’à faire du bien autour d’elle et à venir en aide à tous ceux qui sont aujourd’hui en détresse.
Mais si ces énergumènes peuvent ici bas manipuler nos sentiments et nos peurs, Dieu, lui, reconnaîtra les siens demain, et chacun répondra de ses actes. Car il est malheureux de constater aujourd’hui que des gens connus pour leur bonté et leur humanité se mettent en retrait et ne participent pas à ce grand souk qui est venu se greffer aux sincères initiatives de citoyens qui dés le début ont prouvé leur entière engagement à faire face à une situation chaotique et qui ont aidé et sauvé des dizaines de vie dans nos hôpitaux, avant que n’apparaissent ces vautours de la manipulation qui ont remis tout en cause.
Par Abdelmadjid Blidi