Ce genre de départs de feux ne peut prendre qu’en cas d’une intervention humaine. Cette suspicion légitime et argumentée alimente les craintes, sachant que des températures maximales exceptionnelles atteignant localement les 48 degrés se sont abattues, hier après-midi sur des wilayas du Nord du pays, déjà touchées par les feux de forêt.
Le président de la République a décrété un deuil national de 3 jours, conséquemment aux incendies qui se sont déclarés dans 17 wilayas du pays. Effectif à partir d’aujourd’hui, ce deuil qu’observeront tous les Algériens, traduit l’immensité du drame national qui a frappé le pays, ces trois derniers jours. «Après le décès d’un nombre de citoyens parmi les civils et militaires, suite aux incendies ayant ravagé quelques wilayas du pays, le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune a décrété un deuil national de trois jours à partir de jeudi 12 août 2021 avec une suspension provisoire des activités gouvernementales et locales, à l’exception des actions de solidarité», souligne un communiqué de la présidence de la République.
Cette grave décision présidentielle se justifie amplement au regard du nombre inédit de victimes. Le bilan est, en effet, passé de 43 décès, avant-hier soir, à 69 morts au niveau national. Dans le lot des victimes, on enregistre 49 civils et 20 militaires. La cellule de crise installée à cet effet au niveau de la wilaya de Tizi-Ouzou, qui a rendu public ces chiffres révèle que 12 militaires blessés se trouvent dans un «état grave».
Cela pour les pertes humaines, dont le bilan demeure encore provisoire. Concernant, les foyers d’incendies, les efforts des éléments de la Protection civile et de l’Armée nationale populaire, déployés sur le terrain, se poursuivent pour les circonscrire. On retiendra que sur les 103 incendies déclenchés à travers 17 wilayas du pays depuis lundi dernier, il reste encore 86 foyers d’incendie qui n’ont pas été maîtrisés, a indiqué le directeur général des forêts, Ali
Mahmoudi, précisant que 30 foyers importants ont été enregistrés dans la wilaya de Tizi-Ouzou seulement, soit le tiers des feux.
Il reste que d’autres régions du pays sont également touchées, même si on n’ y enregistre pas un bilan dramatique. Le dernier pointage à l’échelle nationale fait état de nombreux incendies actifs au niveau Jijel (16 incendies), Bejaïa (8 incendies) El Tarf (6), Skikda (4), Annaba (4), Blida (4), Guelma (3), Sétif (2), Médéa (2), Alger (1), Batna (1), Bouira (1), Chlef ( 1), Khenchela (1) Oum El Bouaghi (1) et Tébessa (1). Une cartographie de départs de feu qui ne doit rien au hasard. La piste criminelle a été soulignée dans de nombreux cas, à travers plusieurs wilayas, dont Médéa, Jijel et Annaba où des pyromanes ont été pris sur le fait et arrêtés par les services de sécurité. L’un des criminels a d’ailleurs avoué avoir volontairement allumé un feu. Un aveu qui vient conforter l’analyse des professionnels qui n’ont pas écarté l’hypothèse de l’acte criminel, au motif que «la hausse des températures ne pourrait pas être l’unique cause de ces feux de forêts», de cette ampleur et de cette simultanéité dans les départs de feu. Les experts appuient la thèse de la préméditation dans pas mal d’incendies, arguant que des feux ont démarré à 2 heures du matin. Une chose impossible dans des conditions naturelles. Ce genre de départs de feux ne peut prendre qu’en cas d’une intervention humaine. Cette suspicion légitime et argumentée alimente les craintes, sachant que des températures maximales exceptionnelles atteignant localement les 48 degrés se sont abattues, hier après-midi dans des wilayas du Nord du pays, déjà touchées par les feux de forêt. L’Office national de la météorologie qui a annoncé cette nouvelle canicule dans un bulletin météorologique spécial (BMS), révèle que les wilayas concernées par ce BMS de niveau de vigilance Rouge sont Tizi-Ouzou, Béjaïa, Jijel, Skikda, Annaba et El-Tarf, précise la même source.
Cet épisode incendiaire, sans précédent dans l’histoire de l’Algérie indépendante par l’ampleur des dégâts humains et matériels, a suscité un élan de solidarité tout aussi exceptionnel. Des actions sont lancées à partir des quatre coins du pays. Des associations de la société civile, des initiatives individuelles et des dons de toutes sortes et de toutes natures affluent vers les zones sinistrées. Le peuple algérien écrit à travers sa mobilisation une autre très belle page de son histoire.
Par ailleurs, cette douloureuse épreuve a fait réagir plusieurs gouvernements qui ont adressé leur soutien et leur sympathie au gouvernement et au peuple algériens.
Des propositions d’aide matériel et logistique ont ainsi été exprimées par les gouvernements turc et tunisien. Le Mali a exprimé mercredi «sa solidarité et sa compassion» avec le peuple algérien suite aux incendies déclenchés dans plusieurs wilayas du pays, indique mercredi un communiqué du gouvernement.
«Le gouvernement malien a appris avec une vive émotion la survenue d’incendies tragiques qui font rage depuis lundi en Algérie, notamment en Kabylie, ayant occasionné des pertes en vies humaines dont des militaires et des dégâts importants», lit-on dans le communiqué. De pareilles expressions de soutien émanent du monde entier. A l’heure où nous mettons sous presse, beaucoup de réactions de plusieurs capitales sont parvenues au gouvernement algérien, soit par voie de communiqué officiels, soit par le biais de twitter qui seront certainement suivies par des prises de contact effectives.
Anissa Mesdouf