Occupants de bidonvilles et «exclus» du relogement…
Le dossier «Logements» sera incontestablement celui qui retiendra toute l’attention et tous les efforts du nouveau responsable local en poste à Oran. Comme ses prédécesseurs, il hérite lui aussi sur ce registre de bon nombre de contraintes, de retards, de paradoxes et de dysfonctionnements, à la fois dans la réalisation et la distribution des quotas, mais aussi dans la maîtrise des équilibres sociaux mis à mal par les démarches populistes visant à éradiquer les bidonvilles et à reloger les squatteurs des vieilles bâtisses non démolies. Sans parler des pratiques et des comportements pervers de bon nombre d’énergumènes installés au créneau mafieux de la vente de lots de terrain ou de baraques construites illicitement sur le domaine privé de l’Etat. Dimanche dernier, on apprenait qu’une cinquantaine de familles se déclarant exclues de la dernière opération du relogement des occupants du bidonville dit « Douar Flalis » sont remontés au créneau de la contestation en réclamant «l’ouverture d’une enquête ministérielle» sur cette opération qui, selon eux, aurait été entachée, par de nombreuses irrégularités. Une pétition, signée semble-t-il même par des habitants ayant bénéficié du relogement lors de la dernière opération, a été distribuée à des médias locaux, dénonçant «l’exclusion injustifiée» de ces familles au profil «d’indus bénéficiaires» qui auraient été, selon eux, identifiés.
Les représentants de ces familles indiquent dans leur lettre qu’ils envisagent de recourir à d’« autres moyens de contestation » si les autorités n’interviennent pas pour « lever cette injustice ». On sait que «Douar flalis», du nom d’un ancien hangar d’élevage de poulet aujourd’hui désaffecté, est l’un des plus anciens bidonvilles de la cité et qui a été dans le passé plusieurs fois démoli après recasement des occupants. A l’époque, un ancien chef de daïra, le défunt Abdelkader Bouziane, Paix à son âme, insistait vainement pour lancer un chantier d’infrastructure scolaire ou sportive afin d’occuper le terrain et éviter que le bidonville détruit ne renaisse de ses ruines. On sait malheureusement à quel point le système de gestion de l’époque était gangrené par le laxisme et la corruption à tous les étages.
Pour certains élus locaux, le fait de «disposer» d’un bidonville sur le territoire de leur commune était plutôt «un privilège inouï» car il constituait à la fois une source de prébende et de récolte de voix aux élections locales. Aujourd’hui, même si les données ont changé, une opération d’éradication définitive d’un bidonville demeure encore aléatoire, car soumise à des formes de pressions, aux limites du chantage, organisées par d’obscurs acteurs qui surfent sur la misère et le dénuement de familles en quête de toit décent…
Par S.Benali