Il était une fois un téléphérique…
Bonne nouvelle: On a appris mercredi dernier que le ministère des Transports a donné son accord pour la relance des travaux de mise à niveau du téléphérique d’Oran. Selon les services de la wilaya, une enveloppe de 120 milliards a été dégagée pour entamer les travaux par une entreprise suisse. On sait que le ministre avait effectué la semaine dernière une visite inopinée au projet de réhabilitation du téléphérique qui est à l’arrêt depuis des années. Depuis sa première mise en service il y a plus de trente, le téléphérique d’Oran a connu un cahoteux et douloureux parcours marqué par des sabotages, des pannes à répétition, et des opérations de maintenance n’ayant jamais pu aboutir convenablement. On compte, en 27 ans, pas moins de 16 walis qui se sont succédé à Oran, sans réussir à sortir ce téléphérique de l’immobilisme mortel et des imbroglios scandaleux perçus par les Oranais comme une fatalité sans remèdes. Le téléphérique oranais, ainsi que la fameuse carcasse de l’ex-hôtel Châteauneuf vieille de quarante ans, symbolisent on ne peut mieux la stratégie des échecs et des inepties organisées à l’époque sous le ciel oranais. Le périphérique a été à l’époque adopté, et apprécié par les nombreuses familles voulant se rendre chaque vendredi au plateau de Sidi Abdelkader pour un après-midi de détente. Malheureusement il n’a pas échappé à la violence terroriste de la décennie noire. En 1992 il est mis hors service après le sabotage et la rupture de son câble sous le ciel de Sidi El-Houari. Les cabines dans les terminaux de Ben Daoud, ex-Magenta, longtemps abandonnées et squattées par des marginaux, ont fini par se dégrader. Ce n’est que quinze ans plus tard, en août 2007, que le téléphérique réparé allait reprendre son envol en présence du l’ex président de la République alors en visite à Oran. Mais pas pour longtemps. Car quelques mois plus tard, il sera de nouveau vandalisé et saccagé par des émeutiers lors des mouvements de protestations des habitants des quartiers des Planteurs, Derb et Sidi El- Houari qui revendiquent un logement social. Sept années plus tard, en mai 2015, un projet de rénovation est confié à la société suisse Garaventa qui finira par abandonner et quitter le chantier suite à un scabreux litige financier. Des instructions sont encore une fois données pour relancer le projet, et bien plus qu’une réhabilitation, on évoque désormais un projet de nouveau téléphérique, incluant une technologie moderne pour tous les équipements, y compris les cabines. On parle même de l’itinéraire, qui, disait-on, devrait permettre de relier la commune de Mers El-Kebir à la ville d’Oran via la plateforme de Moulay Abdelkader. Pourquoi pas, espéraient les Oranais optimistes. Mais pour les mauvaises langues les plus sceptiques, le téléphérique ne renaîtra de ses restes que si toutes les conditions sont réunies pour un véritable changement des mœurs et des pratiques de gestion des grandes affaires de la Cité…
Par S.Benali