L’aménagement de l’espace urbain, ou son développement, a pour but premier d’offrir un cadre, un environnement agréable et adapté aux usagers. Quand, cela s’entend, la confection des dos d’ânes et des trottoirs, n’est pas laissée au bon vouloir des citoyens !
Toute la question est là. Après la fâcheuse habitude, née chez l’habitant d’Oran, d’implanter chacun, son dos d’âne devant sa maison, devenue une pratique banalisée, une autre est venue la suppléer, celle de modeler le trottoir attenant à son domicile selon ses propres impulsions, sans respect des normes règlementaires, avec des défauts graves dans la forme physique, des anomalies dans les proportions, et souvent avec des surélévations surréalistes, comme si l’espace en question relevait de sa propriété légale. Or, selon la jurisprudence, les trottoirs sont des dépendances de la voie de circulation puisqu’ils sont partie intégrante de l’emprise du domaine public routier. Ce même citoyen, tout autant que l’autorité communale, ont tendance à oublier que les trottoirs sont des aménagements dédiés aux usagers vulnérables et constituent l’hébergement privilégié des piétons. Leur conception repose sur la fonction d’offrir la sécurité et la mobilité en plus de réduire les accidents liés à la marche sur la chaussée et autres accidents impliquant des piétons. N’allons pas jusqu’à disserter sur l’autre fonction culturelle qui définit les trottoirs comme étant les chemins des habitants des villes pour toutes les communications sociales et les besoins du commerce, cela serait prétentieux, mais juste à attirer l’attention sur l’importance de leur uniformisation dans les quartiers d’Oran et dans les lotissements d’habitations, où cette partie de la voie publique distincte de la chaussée, est outrageusement défigurée et déformée par les citoyens, parce que agissant à leur propre guise, directement ou indirectement encouragés par un certain laxisme des autorités locales, via leurs services techniques, chargés de la voirie.
Selon les prescriptions techniques et les normes conventionnelles, le trottoir est généralement séparé de la chaussée par une bordure dite de trottoir qui le surélève d’environ 14 cm, sur une largeur de 1mètre 20 à 1 mètre 80. Lesquelles prescriptions, ont pour but d’assurer la sécurité des personnes aveugles ou malvoyantes, des personnes âgées ou malades, utilisateurs de poussettes, aux personnes à mobilité réduite et des personnes en fauteuil roulant, des enfants et même des personnes de bonne condition physique, potentiellement, elles aussi exposées aux risques d’accidents mécaniques ou de chutes accidentelles. Exceptionnellement, la surélévation de la voirie, de type casse vitesse, jusqu’au trottoir et au niveau de celui-ci à l’endroit des passages pour piétons, permet à ces derniers de traverser de plain-pied. Il faut avouer qu’à l’exception des aménagements effectués par les pouvoirs publics sur les espaces urbains d’Oran et qui sont conformes aux normes, il est horripilant de constater toutes ces difformités au niveau des lotissements d’habitations et parfois même au niveau de certaines artères principales, obligeant les piétons à empiéter la chaussée au risque de leur vie, tout en générant la mauvaise habitude chez les plus jeunes, à emprunter la voie publique comme si le trottoir n’existait pas. L’autorité locale est largement dotée de l’outil judiciaire pour éviter les situations dangereuses à ses mandataires, en faisant respecter la règlementation en vigueur et en finir avec cette forme d’incivisme qui caractérise une partie de la population.
Karim Bennacef