Région

Bouira : la neige redonne à Yennayer toute sa symbolique

La neige recouvre depuis quelques jours les hauteurs et les sommets de Bouira, provoquant un froid glacial dans la région qui redonne à Yennayer toute sa symbolique.

D’importantes quantités de neige se sont abattues depuis jeudi dernier sur les sommets, notamment les hauteurs du Grand Djurdjura et Tikjda, entrainant d’importantes chutes de température dans toute la région où un froid hivernal intense y règne marquant ainsi l’approche du passage à un nouvel an amazigh (Yennayer 2974).
«Le retour de la neige et du froid augure d’une année agricole fertile et productive, c’est la symbolique de Yennayer ayant un trait étroit avec la terre, la neige et la pluie», a souligné à l’APS, Mohamed Djellaoui, enseignant et chercheur en littérature et culture amazighes.
«Le nouvel an amazigh est souvent célébré dans la joie et l’espoir à travers des rites et des traditions ancestrales retraçant l’histoire mythologique de Yennayer.
Celui-ci signifie aussi la rudesse du froid hivernal que provoquent la neige et les pluies», a-t-il expliqué.
Dans la mythologie amazighe, Yennayer, ou le nouvel an berbère, perpétue le rituel d’une histoire liée à une chèvre légendaire.
Cette chèvre, toute contente de ne pas avoir été trop malmenée par le froid glacial, ni emportée par les crues hivernales de Yennayer, correspondant à une bonne partie du mois de janvier, avait suscité l’ire de ce dernier.
Fâché devant l’air narquois du caprin qui l’avait traité, à son ultime jour, «d’incapable de lui causer du tort», Yennayer lui avait juré «d’emprunter une journée auprès de son frère Fourar (Février) ».
La chèvre, dit-on, «se remit à trembler de froid et eut peur d’être emportée par des eaux en furie».
«C’est un mythe qui raconte la symbolique de Yennayer par rapport à la rudesse de l’hiver», a expliqué Mohamed Djellaoui.
Dans beaucoup de régions de la wilaya de Bouira, les paysans connaissent bien l’histoire mythique de la chèvre avec Yennayer.
Cette légende mythologique est conservée dans la mémoire collective, mais beaucoup la transmettent avec le personnage d’une vieille bergère avec sa chèvre, que l’ire de Yennayer a pétrifiées.
«C’est vrai que cette histoire est mythique, mais elle retrace aussi des traditions et des rites de nos ancêtres célébrant le passage au nouvel an amazigh et marquant surtout leur attachement à la terre», relève Smail, un vieux paysan du village montagneux d’Aguouillal (El Adjiba).

Un froid qui augure d’une année agricole généreuse

 Rencontrés dans la localité d’Aguouillal, nichée au coeur du Djurdjura (Nord-est de Bouira), des agriculteurs n’ont pas caché leur optimisme quant à une saison agricole abondante après les dernières précipitations et avec le retour de la neige recouvrant les sommets.
«Pour nous, Yennayer c’est la neige, la pluie, et le froid, et nous célébrons son début le 12 janvier de chaque année pour annoncer une nouvelle année agricole productive », a expliqué pour sa part Mohamed, un vieil agriculteur du village.
Ce septuagénaire dit se souvenir encore du bon vieux temps lorsque, lui et sa famille, ramassaient de quoi se chauffer durant les longues nuits hivernales de Yennayer (Janvier).
«Le froid était d’une intensité extrême, et nous préparions souvent des bouillons chauds et des légumes pour bien se nourrir et se chauffer contre le froid de l’époque», se rappelle-t-il.
A la veille de la célébration de Yennayer 2974, beaucoup de touristes, dont des familles, ont afflué depuis quelques jours déjà au centre national de sport et de loisir et de Tikjda (CNSLT) pour fêter le nouvel an amazigh en plein neige et en haute montagne.
C’est le cas de Said, un homme de plus de 60 ans qui a préféré se rendre au CNSLT pour vivre la fête de Yennayer.
Le centre de Tikjda a déjà affiché complet depuis le week-end dernier après l’arrivée massive de familles et de touristes en provenance de plusieurs wilayas du pays.
«Le CNSLT est complet depuis déjà quelques jours, il n y’a plus de place.
Beaucoup de familles sont là pour célébrer le passage au nouvel an amazigh (Yennayer)», a fait savoir Khaled Djellal, chargé de la communication et de l’animation au CNSLT.

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