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Accès inégal aux vaccins anti-Covid en Afrique:
Boukadoum appelle à traiter le problème en toute urgence

Face à l’attitude de certains pays développés qui refusent d’exporter les doses de vaccins anti-Covid-19 et la bataille de leadership lancée par des laboratoires pharmaceutiques, un appel pour épargner le continent africain de cette concurrence féroce a été lancé par le chef de la diplomatie algérienne Sabri Boukadoum.

Le ministre des Affaires étrangères, qui intervenait, hier, à la réunion du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) sur la gestion de la pandémie de la Covid-19 en Afrique, a fustigé ce qu’il a qualifié de concurrence féroce pour les vaccins, plaidant au traitement en urgence du problème de l’accès inégal aux vaccins en Afrique.
Évoquant l’existence d’une concurrence féroce, il a mis en garde contre ses effets néfastes ainsi que le phénomène dit «nationalisme vaccinal» sur la sécurité humaine sur le continent à bien des égards. «La question de l’accès inégal aux vaccins et les multiples défis qu’elle comporte (sur la sécurité humaine dans le continent), doit être mise en avant et traitée de toute urgence», a déclaré M. Boukadoum, qui présidait la réunion. Il a affirmé dans ce contexte que le continent africain fait désormais face à de nouveaux défis, une des conséquences des inégalités et des disparités dans l’accès aux vaccins. M. Boukadoum a évoqué la question des agissements qui compromettent l’accès à la vaccination, affirmant que les pays africains sont directement exposés au phénomène appelé aujourd’hui «nationalisme vaccinal».
Ainsi, la question du manque de vaccins en Afrique a été soulignée par le chef de la diplomatie algérienne, pour qui les pays devraient recevoir des doses proportionnelles à la taille de leur population. «S’il est largement reconnu que dans la phase actuelle, où les vaccins ne sont pas disponibles en quantités suffisantes, tous les pays devraient recevoir des doses proportionnelles à la taille de leur population, pour vacciner les groupes les plus prioritaires, ce que nous avons vu dans la pratique a été profondément frustrant», a-t-il regretté.
Le MAE a évoqué dans le même contexte les pratiques de certains pays qui ont acquis et stocké des quantités de vaccins qui dépassent de loin leurs besoins réels, citant les chiffres de l’OMS pour étayer ses propos. Selon lui, cette démarche a eu des répercussions sur l’accès des pays africains aux vaccins. Il a, en effet, déploré «la concurrence féroce pour les vaccins qui a conduit de nombreux pays à acheter des quantités bien supérieures à leurs besoins, laissant d’autres, notamment en Afrique, dans la lutte pour protéger les travailleurs de la santé et les groupes vulnérables». Pour démonter la disparité qui existait dans l’accès aux vaccins, M. Boukadoum a affirmé que selon les données de l’OMS, jusqu’à début mai 2021, plus de 1,59 milliard de doses de vaccin ont été administrées dans le monde, dont plus de 84% sont destinées aux pays à revenu élevé ou intermédiaire de la tranche supérieure. Alors qu’en Afrique, en moyenne, moins de 2 personnes sur 100 (soit 2%), des personnes ont reçu une dose d’un vaccin COVID-19, dans certains pays à revenu élevé, plus de 8 personnes sur 10 (soit 80%) ont été atteintes. Pour le chef de la diplomatie algérienne, ces chiffres traduisent d’énormes inégalités entre les pays et les régions.

Une réelle menace pour les Africains

M. Boukadoum a affirmé également que l’absence d’un accès aux vaccins constitue une menace pour les citoyens du continent africain. «Sans un accès suffisant aux vaccins, la pandémie continuera de menacer la survie et les moyens de subsistance des Africains, tout en exerçant une pression accrue sur les systèmes de santé déjà fragiles», a-t-il déploré. Le chef de la diplomatie algérienne a évoqué ensuite les effets de la pandémie qui peut exacerber les tensions politiques et aggraver les situations humanitaires défavorables. «Les effets prolongés du Covid-19 représentent une menace réelle pour la paix et la sécurité sur le continent africain, en exacerbant les tensions politiques et en aggravant les situations humanitaires défavorables, en particulier dans les pays et régions touchés par le conflit», a-t-il mis en garde.
Pour lui, les économies africaines ne peuvent se prémunir contre une réelle crise qu’à travers une vaste campagne de vaccination. Il ainsi a considéré que «sans une vaste vaccination contre la COVID-19, les économies africaines continueront d’être affectées négativement par les contraintes et les restrictions». Par conséquent, «les niveaux de pauvreté et d’insécurité alimentaire en Afrique sont susceptibles d’augmenter considérablement, créant un climat à fort potentiel d’instabilité et de conflit», a-t-il soutenu.
Pour éviter à l’Afrique un tel sort, M. Boukadoum a plaidé pour la multiplication des quantités de vaccins pour parvenir à un accès universel et équitable. Il a affirmé que «davantage peut être fait pour créer une prise de conscience mondiale des dangers des pratiques actuelles et explorer toutes les options pour augmenter la production afin de parvenir à un accès universel et équitable aux vaccins». Des efforts doivent être consentis aussi afin de «renforcer la sécurité sanitaire de l’Afrique en développant les capacités de fabrication de vaccins et de produits médicaux».
Il est à signaler, par ailleurs, que l’Algérie qui présidait la session ministérielle du CPS, est pleinement impliquée dans la lutte contre la Covid-19 sur le plan africain. Sur le plan financier, elle a contribué à hauteur de deux millions de dollars au Fonds africain de réponse à la Covid-19. Elle a entrepris plusieurs actions de solidarité, au niveau bilatéral, en direction des pays africains, notamment dans son voisinage immédiat pour les aider à faire face à la propagation de cette pandémie.
En termes de démarches pour garantir à l’Afrique un accès équitable aux vaccins contre la Covid-19, l’Algérie a consenti d’importants effets, plaidant pour une grande solidarité internationale dans ce cadre, y compris sous forme d’un transfert technologique qui permettrait la production des vaccins localement.
Samir Hamiche

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