Néo-colonialisme et liberté
Il y a un conflit latent qui est sorti des radars des médias. Il s’agit de la crise libyenne. C’est tant mieux, en ce sens que le pays a été soustrait d’une guerre totale et stupide comme la «communauté internationale» en déclare un peu trop facilement depuis la chute du mur de Berlin. Mais si pour la Libye les choses semblent avancer autrement qu’ailleurs, il n’est pas dit que cette même «communauté» ait pris de vraies résolutions de paix. Et pour cause, l’Otan, le Conseil de sécurité et autres instances mondiales font le dos rond devant les agressions innommables que subit le peuple palestinien depuis plus de 70 ans.
Le silence gêné, et parfois suspect, de la communauté internationale ne veut pas dire que son souci de l’heure est de voir naître deux Etats dans la région et qu’on en finisse une bonne fois pour toute. Non. l’Otan et consorts, sont autrement plus « réalistes » que de penser au sort d’un peuple meurtri. Présentement, il sont certainement en train de consulter leurs experts, histoire de voir le comment et le combien de temps pourrait durer une action «furtive» quelque part sur la planète. Ils voudraient soumettre d’autres pays, avec un minimum de dégâts. C’est dire que leur problème n’est pas tant la domination que le coût en mauvaise publicité.
Dans ce qui se passe en Palestine, en Irak et ailleurs, cela s’appellerait une occupation en d’autres temps. Mais les occidentaux font plus d’international, associent pleins de sigles, des droit de l’Homme à la lutte contre une dictature, en passant par la guerre à la corruption, pour teinter leur opération néo-coloniale du label de «Libération».
Cela revient à constater que nous vivons dans un monde totalement différent de celui d’il y a quelques décennies. Lorsque le mur de Berlin était encore debout. Pour parvenir à la libération on prenait le chemin inverse. Les peuples se libéraient du joug des colonialistes en luttant contre un système profondément injuste et raciste. Les désirs de liberté s’opposaient à des empires. Mais actuellement, ce sont ces empires qui instrumentalisent les peuples pour les retourner contre des régimes locaux quadragénaires. Le mot liberté est utilisé dans les deux cas, mais pour des usages diamétralement opposés, pour la simple raison que la chute des régimes quadragénaires est vite remplacée par une néo-colonisation.
La seule chose en commun avec les guerres coloniales, c’est l’odeur de la mort. Les images que nous renvoient les télévisions de ces empires-là et celles que nous avons vues dans les films d’archives sont sensiblement les mêmes. A moins que les experts de l’Otan mijotent un autre scénario… pour faire passer la pillule.
Par Nabil.G