Déficit de maturation et précipitations hasardeuses
La plage «Les Dunes» à Cap Falcon, l’une des plus grandes de la corniche oranaise, a depuis quelques temps perdu de sa superbe et de son aura après le rétrécissement de sa superficie de sable suite à la réalisation du quai d’accostage de la navette maritime entre le port d’Oran et la corniche. Mais ce n’est qu’après l’achèvement des travaux de cet embarcadère, il y a maintenant près de trois ans que des voix, relayées par des associations de préservation de l’environnement, se sont élevées pour crier au scandale de la détérioration de ce site balnéaire très prisé par les estivants. Beaucoup aujourd’hui affichent leur indignation et affirment, à juste titre, que ce quai d’accostage aurait dû être réalisé dans une zone non fréquentée par les baigneurs. D’autant plus que les espaces adéquats pour ce projet ne manquent pas. Mais comment expliquer pourquoi cette flambée de critiques et de dénonciation n’a pas eu lieu bien avant le lancement de ce projet de liaison maritime entre Oran et Ain El Turck ? En plus du rétrécissement de la plage, le site est aujourd’hui menacé de pollution par les rejets huileux et le carburant dégagés par les moteurs des bateaux assurant la navette. Comment ne pas avoir prévu que cet embarcadère allait gravement défiguré cette belle plage et accentuer les désagréments des estivants se baignant à quelques mètres seulement du quai d’accostage ? Il y a quelques jours, des sources proches de la direction des Transports, citées par un journal, avaient annoncé que la liaison maritime Oran /Aïn El-Turck, ne sera pas ouverte cette saison. Cette décision, explique-t-on, aurait été prise suite à une sortie d’inspection d’une commission qui a constaté sur place que «le quai d’accostage de Cap Falcon n’était pas prêt pour accueillir les navettes maritimes». On se souvient que l’été dernier, la navette maritime avait déjà été suspendue à cause de la pandémie du Covid-19. Il est par ailleurs utile de rappeler qu’une enveloppe de près de 50 milliards de centimes a été dépensée pour la réalisation du quai d’accostage, dont 8 millions de DA pour l’étude du projet confiée à la société étatique «Méditram». Aujourd’hui, tout indique que ce projet de navette maritime est au bord de l’échec consommé, malgré les efforts et les initiatives des responsables et gestionnaires municipaux visant à assainir et éliminer quelque peu toutes les contraintes liées à l’environnement, au fonctionnement et à l’intégration harmonieuse de ce mode de transport dans le cadre urbain. Ceux là même qui, hier, affirmaient que ce projet allait contribuer à la promotion du Tourisme dans la commune côtière d’Aïn El-Turck, et qu’il permettra également de désengorger, la circulation automobile sur le réseau routier saturé durant la saison estivale, se rendent aujourd’hui bien compte du manque de rigueur, du déficit de maturation et de la précipitation hasardeuse de certains acteurs incompétents chargés de gérer l’avenir collectif d’Oran et de sa Région. Ainsi va Oran…
Par S.Benali