
Dénonçant les ingérences étrangères : l’Algérie appelle les Libyens au dialogue
Un appel solennel a été lancé jeudi dernier par l’Algérie devant le Conseil de sécurité des Nations unies, à l’ensemble des Libyens à privilégier le dialogue en tant que «seule issue pour surmonter les différends», en faisant preuve de sens de responsabilité et en plaçant l’intérêt suprême du peuple libyen au-dessus de toute considération.
Cette déclaration intervient dans un contexte marqué par la reprise des affrontements armés à Tripoli, qui ont causé de lourdes pertes humaines. Dans son intervention lors d’une réunion du Conseil de sécurité, tenue à l’issue du briefing présenté par le procureur général de la Cour pénale internationale (CPI), le représentant permanent adjoint de l’Algérie auprès des Nations unies, M. Toufik Laïd Koudri, a exhorté «tous les frères libyens à s’engager dans le dialogue en tant que seule issue pour surmonter les différends, à faire preuve d’un sens élevé de responsabilité et de patriotisme et à privilégier l’intérêt suprême du peuple libyen.» Affirmant que la Libye, aujourd’hui plus que jamais, a besoin de «rassembler tous ses enfants, loin de la division et de la discorde», M. Koudri a souligné la nécessité de «relancer le processus politique sous l’égide des Nations unies, en vue de parvenir à la solution tant attendue.»
Le diplomate algérien a insisté sur l’importance d’accompagner la Libye dans sa quête de stabilité et de paix, appelant au « retrait immédiat et inconditionnel de toutes les forces étrangères, combattants étrangers et mercenaires, et en permettant aux Libyens de décider de leur sort et de gérer leurs affaires eux-mêmes, loin des tiraillements régionaux et des luttes d’influence et d’intérêts.» «La Libye n’est pas une arène de confrontation, mais un pays ancestral, profondément enraciné dans l’histoire, doté de ressources lui permettant, si les conditions de paix et de sécurité sont réunies, de jouer un rôle de stabilité et d’équilibre non seulement en Afrique du Nord, mais aussi dans le bassin méditerranéen et sur l’ensemble du continent africain», a soutenu Toufik Laïd Koudri.
Il a, par ailleurs, rappelé que l’instauration de la justice en Libye, à l’instar des autres pays du monde, «constitue une revendication nationale légitime et un droit authentique, qui ne saurait faire l’objet ni de polémique ni de marchandage et qui ne doit pas être dicté par des considérations extérieures conjoncturelles. «Dans cette optique, l’Algérie considère que la compétence de la CPI sur la situation en Libye «doit s’exercer dans le cadre du principe de complémentarité avec le pouvoir judiciaire national et non sur la base de son exclusion ou de sa substitution.» M. Koudri a réaffirmé que la réalisation de la justice en Libye relève de la compétence souveraine et judiciaire du pays, insistant sur la nécessité de concentrer les efforts sur «le renforcement de la coopération et de la coordination entre les juridictions libyennes compétentes et la CPI, afin de garantir l’enquête sur les crimes et violations commis et d’assurer des procès équitables et transparents pour les personnes poursuivies.» À ce propos, l’Algérie a salué la coopération «positive» des autorités libyennes avec la CPI, comme l’a souligné le procureur général dans son dernier rapport, appelant à «accélérer les enquêtes en cours sur les affaires soumises à la Cour concernant la situation en Libye, en vue de leur clôture définitive dans les plus brefs délais.»
En outre, l’Algérie a souligné l’importance pour la communauté internationale, et en particulier l’ONU à travers sa mission en Libye, d’assumer pleinement ses responsabilités dans le soutien au secteur de la justice libyenne, notamment en «intensifiant les programmes de formation et de transfert des connaissances et des expertises, afin de permettre à ce secteur d’accomplir efficacement ses missions en tant que détenteur de la compétence authentique.” Pour l’Algérie, la réalisation de la justice et le renforcement du pouvoir judiciaire en Libye ne peuvent «émerger du vide, ni être imposés par des injonctions extérieures ou des politiques d’incitation ou d’intimidation.» M. Koudri a souligné que «cette fin ne peut être atteinte que par la réunion des conditions objectives nécessaires, au premier rang desquelles la stabilité politique et sécuritaire et le bien-être social,» des éléments aujourd’hui manquants dans le paysage libyen. Malgré les immenses potentialités dont dispose la Libye et les nombreuses opportunités de développement économique, ces dernières restent compromises par «la persistance des divisions et du conflit, alimentés par une polarisation aiguë, des ingérences étrangères et aggravés par la présence militaire étrangère sur le sol libyen, entravant ainsi toute dynamique de règlement politique de la crise.»
Mohand S