L’incivilité majorée avec une certaine arrogance, enfantée par le dénuement intellectuel, est, à priori, à l’origine de l’innommable anarchie, prévalant à Oran, en termes, entre autres, de stationnement de toutes sortes de véhicules.
L’infraction commise allègrement par l’incivisme s’identifie à travers le débordement, dans certaines zones de la capitale de l’Ouest, du stationnement sur l’itinéraire du tramway et ce, avec toutes les conséquences indésirables qui en découlent. Le regard est sordidement choqué par le piteux spectacle relevé dans la zone englobant l’esplanade maître Thuveny, la rue Mira, sa transversale le boulevard Benzerdjeb, jusqu’à la place Valéro, qui aboutit à celui de Maata Mohamed El Habib (ex- boulevard maréchal Joffre).
Un parking, géré par des gilets phosphorescents, de couleur verte pistache, a piètrement envahi la prestigieuse place maître Thuvény et ses abords immédiats et ce, depuis la mise en service commerciale, début mai 2013, du premier tronçon, de 18, 7 km, du tramway, assurant la navette entre la commune de Sidi Maârouf et la daïra d’Es Sénia. Cette partie de l’itinéraire du tramway, qui demeure encore inexploitée s’est, en effet, transformée en parking à la faveur d’une insolente indifférence et du stupide laisser faire des uns et des autres. Toujours est-il que cet affligeant état de fait a accouché, comme il fallait s’y attendre, à la dégradation, voire la dépravation de l’environnement dans cette zone du centre ville d’Oran, perpétrée par l’inconscience et la flagrante ignorance du civisme.
Du coup la prestigieuse place Maître Thuveny, située juste en face du palais de justice d’Oran, qui faisait jadis la fierté des Oranais, est exécrablement devenue un parking sauvage de véhicules au même titre que la rue Abderrahmane Mira, longeant cet espace publique véritable point de repère de la ville d’Oran, qui a considérablement perdu de son attrait au même titre que sa ceinture d’espaces gazonnés. « Tout un pan de l’histoire contemporaine est en passe de disparaître sans que personne ne crie au scandale. Il n’y a aucune excuse à ce massacre. Il est encore temps de tenter de redorer le blason de cette esplanade, qui compte parmi les magnifiques joyaux dont jouit notre ville » ont tancé des riverains vivement désappointés de la place Sébastopol, mitoyenne aux lieux en question avant de renchérir « nous ne nous plaignons pas sur le fait que notre lieu de résidence a été épargné par le tracé du tramway, bien au contraire, nous compatissons avec les habitants et les commerçants, qui se sont retrouvés, malgré eux, du jour au lendemain sur son itinéraire ». D’autres places et d’autres boulevards ainsi que des rues, aussi illustres les unes que les autres, ont subi le même triste sort pour des raisons similaires A titre d’exemple citons le boulevard Maata Mohamed El Habib « ex- maréchal Joffre », lieu où s’épanouissait la badauderie dans un passé encore vivace, qui a subitement perdu de son aura au grand dam des riverains et notamment des commerçants. Faute de mieux et motivé par l’incivilité, les trottoirs de cette artère, qui constitue la limite de la rue de Tlemcen et celle de Mascara pour aboutir à la dénaturée place du 1er novembre 1954 « ex-place de l’opéra », sont envahis par des véhicules de tourisme, de fourgons et autres engins, poussant ainsi le piéton à emprunter à ses dépends la chaussée.
Ces lieux ont également perdu tout leur charme original et broient du noir dans un environnement sordide, mis en exergue par le fétide, dégageant une odeur de moisi, fade et écœurante, évoquant une lente décomposition, provenant des amoncellements de sachets débordants d’ordures ménagères, d’où dégouline un répugnant liquide visqueux, le tout jalonnant l’itinéraire du tramway. Une ostentation criarde de la répugnance dans une zone à forte densité de la clientèle de l’exécrable marché de fruits et légumes, sis en plein cœur du populeux faubourg de la ville nouvelle, véritable point de repère pour le visiteur.
Rachid Boutlélis