Un ancien maire de la commune d’Aïn El Türck, avait posé cette question, cela remonte à près de 20 ans, avant qu’il ne soit destitué par une motion de défiance comme cela était à la mode dans les assemblées populaires instituées juste après les DEC : « Que veut-on faire d’Aïn El Türck : une station touristique ou une cité dortoir ? ».
En ce temps la question semblait ridicule pour un observateur non aguerri, car il s’agissait, parlant d’Aïn El Türck, d’une des zones balnéaires des plus prisées d’Algérie et surtout, l’une des plus belles du bassin méditerranéen et de ce fait, sa vocation touristique était toute indiquée. Aujourd’hui, 20 ans après, cet illustre maire, qui pourrait passer pour un Nostradamus local, a totalement raison, vu l’état actuel des choses. Au tout début, des centres de recasement avaient été créés pour accueillir des milliers de citoyens, affluant des wilayas limitrophes et constituant une importante réserve de voix électorales , puis des bidonvilles et les milliers de constructions illicites, disséminées un peu partout, sur les plages, dans les flancs de montagne et jusque dans les terres agricoles.
La population a quintuplé, une grande partie d’entre elles vit dans la promiscuité, sans les moindres conditions de vie décentes. La marginalisation a engendré les vices. Le développement ne sera pas à l’ordre du jour. Les nominations des quartiers et de certains lieux suffisent à eux seuls à renseigner de l’état de dégénérescence atteint par cette commune ; l’on continue à utiliser le vocabulaire de Douar, à l’exemple de « douar Maroc », « douar Naqouss » ou d’attribuer de nouvelles nominations à des lieux d’habitation, à l’exemple de « Chteîbo » ou encore, « Soug El Baq », pour désigner le marché aux puces jouxtant le bureau de poste et situé en plein centre ville d’Aïn El Türck, à une dizaine de mètres du siège de l’APC.
La «mode» est également revenue à l’ouverture un peu partout dans la ville de magasins de brocante. Le lieu dit « Chteïbo », est désormais assiégé par les revendeurs de matériaux de construction, rejoints par des mécaniciens, des électriciens, des ferrailleurs et autres métiers qui exploitent toute la frange routière qui longe l’autoroute pour exercer leurs activités et entreposer leurs marchandises, dont des tractopelles, des camions citernes, et tout un tas de ferraille.
La zone résidentielle s’est au fur et à mesure transformée en un espace squatté par divers revendeurs et servant également de site de vente de cheptels lors des fêtes de l’Aïd El Kébir. Alors que la frange en question, œuvrerait parfaitement à être touristique si un code commercial net et précis, allant dans le sens de la promotion des activités de services et de la promotion touristique, y avait été imposé par un arrêté communal. Sauf que, comme l’expliquera cet ancien maire, il fallait compter sans les esprits calculateurs, vicieux et immoraux des élus de l’époque, que seule, la présence aux commandes du pouvoir et l’enrichissement personnel intéressaient au plus haut point, quitte à clochardiser toute une région pour assouvir leurs instincts.
L’absence de programmes de logements et l’accroissement soudain de la population, allaient désorganiser les fondements mêmes de la commune d’Aïn El Türck, devenue plutôt un « mouroir» pour reprendre les paroles d’un autochtone. La politique des centres de recasement est chèrement payée aujourd’hui, le laxisme des responsables locaux a été le coup de grâce pour plonger toute une région et sa population dans un pessimisme profond. Du tourisme, il n’en reste que le nom.
Cela dit, le wali d’Oran, Mr Saïd Sayoud, apparemment dépité par l’état de déliquescence atteint dans cette région, fait l’engagement de réhabiliter le statut de la corniche oranaise Ouest, défi qui lui tiendrait à cœur, selon des confidences de membres de l’assemblée populaire de la wilaya d’Oran.
Karim Bennacef