Huile d’olive à M’sila:
Huile d’olive à M’sila Abondance de production, difficultés de commercialisation
La production d’huile d’olive à M’sila, reflétée par une augmentation successive jusqu’à atteindre lors de la présente saison agricole deux (2) millions de litres contre 1,7 million de litres en 2020, achoppe, toutefois, au problème de «professionnalisme» dans sa commercialisation tant au plan local qu’international, a-t-on relevé à la direction des services agricoles (DSA) de la wilaya.
Cette importante production, a-
t-on précisé à la DSA, est le
résultat du pressage de 400.000 quintaux d’olives au niveau de 11 huileries sur les 15 que compte la wilaya, lesquelles se chargent de la transformation de 50 % de la production locale d’olives, tandis que le reste est pressé dans les huileries de wilayas voisines, à l’instar de Bouira, Blida et Tizi-Ouzou. La hausse de la production d’olives d’année en année a été constaté, selon les services agricoles de M’sila, en dépit de la cessation d’activité de trois huileries en raison de nombreux facteurs, dont le manque de maîtrise des techniques inhérentes à l’extraction de l’huile d’olive pour certaines et l’absence d’une main-d’œuvre qualifiée ou d’une rentabilité insuffisante pour d’autres. Pourtant, a-t-on ajouté, les campagnes annuelles de vulgarisation agricole sont organisées au profit des producteurs d’huile d’olive visant à anticiper certaines erreurs régulièrement enregistrées et qui affectent la qualité de l’huile d’olive, notamment le non-respect de la période propice à la récolte des olives destinées au pressage, dont la couleur ne doit être ni verte ni noire. Les services agricoles ont également souligné la nécessité d’éviter de gauler les oliviers pour faire tomber ses fruits dans un filet placé sous l’arbre, estimant que «la méthode consistant à battre l’olivier par une longue perche nuit aux olives et à la qualité de l’huile».
Il est également fréquemment conseillé aux oléiculteurs de ne pas recourir aux sacs en plastique pour entreposer les olives car cela occasionne de l’humidité et conduit au pourrissement des fruits et, par conséquent, l’huile d’olive extraite sera de mauvaise qualité. Un résultat similaire est également obtenu dans le cas où l’intervalle de temps entre la récolte des olives et leur pressage atteint jusqu’à deux semaines au lieu des 72 heures au cours desquelles les olives doivent être obligatoirement pressées.
Le conditionnement, un problème non résolu
Les oléiculteurs de M’sila continuent à ce jour de conditionner l’huile d’olive dans des bouteilles en plastique, limitant ainsi sa durée de conservation à deux ou trois mois seulement au lieu de 24 mois pour l’huile conditionnée dans les bouteilles en verre, en particulier celles de couleur foncée. Outre le problème du conditionnement, l’huile d’olive est recueillie dans des récipients en plastique, au lieu d’ustensiles en inox qui empêchent la pénétration des rayons ultraviolets, augmentant ainsi le risque de rancissement de l’huile par rapport à celle stockée dans l’obscurité.
Dans ce contexte, Hachemi Benyounes, cadre à la DSA de la wilaya de M’sila, a indiqué que «si le seul critère pour l’exportation de l’huile d’olive repose sur son taux d’acidité, indicateur de la qualité du produit, le non-respect des conditions requises, notamment un mauvais conditionnement, impacte la qualité de l’huile et, par conséquent, entraîne une certaine réticence des consommateurs à en acquérir». Soulevant de son côté, la problématique de l’absence de mécanismes de commercialisation, Lakhdar Boudiaf, producteur d’huile d’olive de la variété «Chemlal» qui se distingue par une couleur beigeâtre, a relevé les difficultés à commercialiser sa production qui peut atteindre les 5.000 litres/an.
Selon lui, la baisse de consommation de l’huile d’olive dans la gastronomie algérienne, surtout à cause de son prix relativement élevé, impacte la vente. Il pense aussi que la difficulté d’écouler la production peut s’expliquer également par son utilisation occasionnelle pour ses bienfaits thérapeutiques. A cet effet, Saoudi Oulif, producteur d’olives à M’sila, a indiqué, pour sa part, que les olives de la catégorie «vierge» et «extra vierge» de couleur violette, entassées dans des cageots au lieu de sacs, doivent être pressées 72 heures après la récolte, précisant que l’huile pressée doit être recueillie dans des cuves en inox et conditionnée dans des bouteilles en verre. Louant la qualité de cette huile, l’oléiculteur, fin connaisseur en huile d’olive, a expliqué que le prix du litre peut atteindre les 20 euros sur les marché européens.
Toutefois, outre les difficultés relevés dans la chaîne de production de l’huile d’olive algérienne et de sa commercialisation, ce liquide doré reste très prisé par les commerçants tunisiens qui en achète de grandes quantité pour l’exporter vers le marché européen sous un label tunisien, regrettent les services agricoles de M’sila. Pour y faire face, les mêmes services préconisent une meilleure restructuration de la filière oléicole, notamment à travers un accompagnement des producteurs par la Chambre d’agriculture locale.