Dr Imane Louisa Djedda, maître-assistante à l’Etablissement public hospitalier (EPH) Hassan Badi d’El Harrach, a mis en garde contre l’organisation de circoncisions collectives la veille du 27e jour du mois de Ramadhan, afin d’éviter toutes complications pouvant survenir du fait de la pression exercée sur les staffs médicaux.
Dr. Djedda a affirmé dans une déclaration à l’APS que la société algérienne pratiquait la circoncision collective la veille du 27e jour du mois sacré de Ramadhan, organisée souvent par des associations, ce qui «provoque dans la plupart du temps des complications et des risques eu égard au grand nombre d’enfants». Elle a également relevé la «nécessité de confier cette opération à un médecin chirurgien dans un environnement sûr où toutes les conditions matérielles sont préparées, bloc opératoire et matériel stérilisé», afin d’éviter «des drames comme celui produit il y a quelques années où 13 enfants à la ville d’El-Kharroub à Constantine ont été pris en charge voire même à l’étranger pour réparer les dégâts, malheureusement la médecine n’a pas pu faire grand chose».
Il est préférable, donc, que la circoncision soit pratiquée durant l’année par un spécialiste en chirurgie pédiatrique, en faisant passer au bambin des analyses préalables pour éviter des complications en cas d’atteinte de diabète, d’hémophilie ou d’une malformation congénitale, a-t-elle expliqué, se remémorant certains cas où des saignements ont été hémorragiques et parfois létaux. Et de rappeler que «l’EPH d’El Harrach a déjà reçu des enfants qui ont été exposés à de nombreuses complications après une circoncision effectuée pendant le mois sacré, alors qu’aucun autre cas n’a été déploré pendant le reste de l’année». Il est nécessaire de respecter les instructions du ministère, qui a mis en garde contre la pratique de la circoncision collective en dehors d’un environnement hospitalier, d’autant plus qu»’il n’existe aucune preuve dans la religion prouvant que cette opération doit se faire la veille du 27e jour du mois sacré».
De son côté, la présidente de l’Association nationale des hémophiles, Mme Latifa Lamhène, a fait remarquer qu’en dépit de «l’amélioration des opérations de circoncision par rapport aux années précédentes, certaines familles s’aventurent encore dans la circoncision de leurs enfants à domicile par un paramédical ou un médecin généraliste et ne respectent pas les directives du ministère».
Elle a cité, dans ce cadre, le cas d’un garçon de trois mois qui a eu une hémorragie et a été sauvé à l’hôpital de Béni Messous à Alger, après avoir subi une opération de circoncision dans la wilaya de Laghouat sans avis médical préalable, car la famille ignorait qu’il était hémophile. A cette occasion, elle a rappelé qu’au cours des dernières années, plusieurs médecins ont refusé de circoncire les personnes atteintes d’hémophilie, par crainte d’hémorragie, ce qui a poussé certains d’entre eux à se déplacer à l’étranger pour effectuer cette opération, et très peu d’entre eux ont dépassé la trentenaire sans en bénéficier. Elle a salué le rôle joué par le ministère de la Santé dans l’organisation, l’amélioration et la sécurisation de cette opération que la société considère comme «facile» alors qu’elle peut entraîner des complications en l’absence de conditions appropriées. Pour sa part, la sous-directrice chargée des maladies non transmissibles au ministère de la Santé, le Dr Djamila Nadir, a affirmé que «dans un souci de prévention, la circoncision doit être pratiquée de manière organisée et régulière et dans de bonnes conditions sanitaires. Dans ce contexte, elle a souligné, «la nécessité de respecter les consignes du ministère pour éviter les complications et exposer les enfants à des infections».
Pour rappel, le ministère de la Santé, et comme chaque année pendant le mois sacré, avait publié un communiqué le 14 avril, dans lequel il indique, qu’«il est strictement interdit de pratiquer la circoncision des enfants en dehors des services chirurgicaux des établissements hospitaliers publics et des cliniques privées, et ce sur tout le territoire national». Le ministère recommande «d’étaler le programme des circoncisions durant le mois de Ramadhan et ne pas limiter la programmation entre la nuit du 15e ou la veille du 27e jour du même mois», rappelant la réglementation en vigueur, à savoir la réunion des différentes conditions nécessaires à cette opération.