Lancée le 20 mai dernier, la campagne électorale pour les élections électorales du 12 juin prend fin aujourd’hui. Plusieurs thématiques l’ont caractérisée mais la plupart des candidats ont axé leurs interventions sur l’impératif d’une forte participation au scrutin.
Des appels ont été lancés par les candidats indépendants et ceux issus de partis politiques à l’adresse des citoyens, durant les 20 jours de la campagne électorale, pour une participation en force. Les candidats ayant multiplié les meetings et les rencontres de proximité ont insisté sur le fait qu’une importante participation constituera un gage de stabilité et de la relance du développement du pays. À signaler dans ce cadre, que les candidats doivent observer ce qui est appelé communément la période du silence. Selon la loi organique relative au régime électoral, «la campagne électorale est déclarée ouverte 23 jours avant la date du scrutin» et «s’achève 3 jours avant (cette) date». Ainsi, en dehors de la période prévue par la loi, «nul ne peut, par quelque moyen et sous quelque forme que ce soit», faire campagne.
S’agissant du bilan, des milliers d’activités ont été organisées durant cette campagne électorale qui s’est tenue dans de bonnes conditions. Il s’agit précisément de 6.098 activités qui ont été organisées durant 20 jours, a fait savoir, samedi dernier, Mohamed Charfi, président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), instance qui supervise tout le processus électoral. D’autres statistiques liées à la campagne ont été détaillées par M. Charfi qui a affirmé que 1.548 jeunes de moins de 40 ans candidats sur des listes indépendantes ont bénéficié, pour mener leur campagne électorale, d’aides d’une valeur de plus de 460 millions de dinars. Ces aides concernent la prise en charge par l’Etat des dépenses relatives aux frais d’impression des documents, d’affichage et de publicité, de location de salles et de transport, tel que le prévoit la loi.
Plus de 13.000 jeunes candidats aux législatives
La gente féminine et les universitaires ont constitué un important contingent de candidats de ces joutes électorales. En effet, 13.009 jeunes sont candidats aux élections législatives dont 5.743 femmes, alors que le nombre de candidats de niveau universitaire atteint 19.942, soit 74 % de l’ensemble des candidats, a indiqué le président de l’ANIE, estimant que ce fait indique que la prochaine Assemblée populaire nationale (ANP) connaîtra une «véritable dynamique». Il convient de signaler qu’un fait notable a caractérisé ces élections législatives, alors qu’il est attendu un rajeunissement des 407 députés devant siéger pour les 5 prochaines années à l’APN. Il s’agit de la dominance des candidats indépendants sur les listes électorales par rapport à ceux des partis politiques.
Ces élections sont marquées par une tendance inédite : sur les 1.483 listes de candidats en course, il y a plus de listes d’indépendants (837) que de listes présentées par des partis politiques (646), ce qui dénote, selon des observateurs, la volonté de la société civile de jouer un rôle plus actif au sein des institutions.
L’impératif d’aller voter massivement est l’appel qui a dominé la campagne électorale. Pour les candidats, la forte participation est un moyen permettant de consolider la stabilité du pays dans la conjoncture actuelle, marquée par des nombreux défis au plan national, régional et international. Les électeurs ont été appelés par les candidats à faire barrage aux manœuvres tendant à entraver le processus de redressement en cours, après plusieurs années durant lesquelles des forces agissant en dehors du cadre constitutionnel ont usurpé le pouvoir pour capter les ressources financières de l’Etat à leur profit.
Réhabiliter l’Assemblée dans son rôle de législateur et de promoteur du développement
Les candidats, qui ont fustigé la non-participation au vote, ont estimé que ce choix «n’est pas constructif et n’apportera rien de positif». Mettant en garde contre l’abstention, les candidats ont insisté sur le choix de députés compétents et intègres. Ils ont appelé à réhabiliter l’APN dans son rôle de législateur, de promoteur du développement économique et de vecteur des préoccupations des citoyen. La nécessité de construire une véritable économie nationale, à caractère social, créatrice de richesses et d’emplois, de sortir du modèle rentier et de promouvoir le développement local, notamment dans les zones d’ombre et éloignées, a été soulignée par les candidats.
Sur le plan sanitaire et de l’organisation des élections, toutes les dispositions garantissant la probité et la transparence de la campagne électorale et du vote, d’une part, et le respect des mesures de prévention contre le coronavirus, d’autre part, ont été prises, a assuré le président de l’ANIE. À propos de la lutte contre le coronavirus, un plan de prévention sanitaire contre le Covid-19, couvrant les encadreurs, les centres et les bureaux, a été mis en place à cet effet, en coordination avec le ministère de la Santé et l’ensemble des services concernés.
Il convient de signaler que quelques changements ont été apportés à l’organisation de ces élections, compte tenu des nouvelles dispositions légales. Un nouveau mode de scrutin est instauré par la loi organique relative au régime électoral, modifiée et complétée. Ainsi, le scrutin de liste ouverte à la proportionnelle avec vote préférentiel sans panachage. Elle se distingue également par rapport aux précédentes par la limitation des mandats parlementaires à deux et «encourage la participation des jeunes à la vie politique». Elle entend en outre «réhabiliter le mérite et surtout éloigner l’argent de toute influence sur le libre choix des électeurs».
À signaler enfin que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait annoncé en février dernier la dissolution de l’APN et l’organisation d’élections législatives anticipées, indiquant qu’un changement profond du gouvernement interviendra «en fonction de l’issue de cette échéance».
Samir Hamiche