Evênement

Vraie crise et fausses infos

La crise de l’oxygène médical a mis à nu le manque de préparation des pouvoirs publics à faire face à tout imprévu de grande nature, mais il a aussi démontré à quel point la communication est cette arme qui fait encore défaut à nos gouvernants. Car au-delà de la crise elle même, la vraie crise qui tenait en haleine les Algériens, c’était cette fulgurance des infos ininterrompues qui déferlaient par vagues géantes et même tsunamis sur les réseaux sociaux, sans que personne ne puisse les contrôler, sans que personne ne puisse attester de leur véracité.
Ce qui s’est passé la semaine dernière, et au delà des vies humaines qui ont été perdues à cause du manque de l’oxygène, c’est cette panique générale dans laquelle s’est brusquement trouvé tout le pays. Une peur alimentée en grande partie par la puissance des réseaux sociaux qui trônaient en seules sources d’information pour les Algériens, lesquels découvraient ainsi le nombre effroyable de malades décédés à cause du manque d’oxygène, dans plusieurs hôpitaux du pays, alors que la seule info avérée concernait la regrettable tragédie de l‘hôpital de Maghnia. Des infos qui, plus elles devenaient grosses et grotesques, et plus elles prenaient du crédit.
En face on n’arrivait pas à s’organiser, même si l’on a reconnu qu’il existait réellement une crise de l’oxygène. Mais on n’arrivait pas à désamorcer cette tendance à la dramatisation outrancière de la situation, qui n’était pas due uniquement à la pénurie de l’oxygène, mais aussi au non respect des gestes barrières qui a fini par jeter des centaines d’Algériens dans des hôpitaux. Des hôpitaux ne pouvaient supporter une telle pression et qui ont fini par céder face à une situation qui leur échappait totalement. Car le drame dans cette triste situation, c’est que le pays ne souffrait pas de manque d’oxygène, mais d’absence de logistique. Les quantités d’oxygène produites par les différents usines suffisaient largement aux besoins de tous les hôpitaux, mais rien ne tournait comme il devait, et le liquide vital n’arrivait pas là où il fallait au moment où il fallait, causant malheureusement, la mort de plusieurs malades atteints du covid.
Un grand moment de flottement qui a été fatal pour les malades, mais qui a permis à ce magma géant qu’est la Toile de prendre possession de tout ce qui est information et communication, laissant de très maigres espaces à la communication officielle pour pouvoir s’exprimer et même exister. Et le drame dans tout cela, c’est de voir que les médias traditionnels se sont laissés entraînés, eux aussi, dans cette grande cohue, devenant ainsi les supports de Facebook, twitter et autres réseaux sociaux, et ne prenant aucune peine à vérifier ce flots d’informations où il y avait plus de fake news que de vraies infos de terrain. Mais cela est un autre débat sur toute la presse nationale qui se vide de plus en plus de ses professionnels et se laisse entraîner par la facilité et le manque de rigueur. Et nous sommes tous responsables.
Par Abdelmadjid Blidi

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