L’activité de la greffe d’organes a enregistré un recul en Algérie ces dernières années. Le président de la société algérienne de néphrologie, dialyse et transplantation rénale, le professeur Tahar Rayane, a indiqué que ce recul est dû à plusieurs facteurs.
Le nombre moyen des transplantations était de 300 par an, il y a quelques années, toutefois, ce chiffre est passé à 20 durant l’année 2019. Le Pr Rayane, qui intervenait, hier, sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale a affirmé que l’activité de la transplantation patine. «Depuis l’année 2012, grâce à une politique incitative nous avons réussi à dépasser la barre des 300 greffes annuellement, mais depuis deux ans cette activité n’a pas avancé», a-t-il déclaré.
Parmi les facteurs ayant freiné la greffe rénale, l’intervenant évoque l’important décalage entre les patients qui sont en besoin d’organes et les donneurs. «Au minimum, 10 000 patients sont en train d’attendre une greffe qu’ils n’arrivent pas à avoir depuis des années», a-t-il alerté.
Alors que seulement 20 opérations ont été réalisées en 2019, pour les années 2020 et 2021, la reprise est timide, assène le Pr Rayane, précisant que la pandémie du coronavirus a impacté négativement sur cette activité. «La pandémie du coronavirus ne nous permet pas de pratiquer l’activité de la greffe d’une façon régulière parce que nous avons peur que nos patients soient contaminés par ce virus qui pourrait faire des dégâts parmi eux, sachant qu’ils ont une immunité diminuée», a-t-il indiqué. Le Pr Rayane a affirmé que plusieurs patients, en attente d’une transplantation, sont décédés après avoir été contaminés par la Covid-19. C’est le même cas aussi pour les patients dialysés, qui étaient en attente d’une greffe rénale, ayant perdu la vie suite à leur contamination par le virus. L’intervenant a évoqué d’autres facteurs ayant freiné l’activité de la transplantation. Il a ainsi cité le facteur de l’instabilité qui a touché les équipes spécialisées. «Certes basée nécessairement sur les néphrologues, l’activité chirurgicale médicale est multidisciplinaire et si les équipes chargées de cette activité sont réduites par le départ dans les rangs de néphrologues elles vont être obligatoirement handicapées, voire empêchées d’activité», a-t-il déclaré. Et d’ajouter : «De même sur le plan chirurgical. Si le chirurgien quitte cette activité, pour une raison quelconque, cela impacte négativement la chaîne des intervenants, et cela est valable pour les auxiliaires paramédicaux».
Le Pr Rayane a affirmé aussi que le départ des spécialistes de rang professoral à l’issue des concours de chefferie impacte l’activité de la transplantation. «Il y a eu beaucoup de départs de néphrologues, de chirurgiens et des paramédicaux à l’étranger et là on n’y peut rien eu égard des nombreux spécialistes formés, jusque-là, pour promouvoir la spécialité ; Le problème est beaucoup plus bureaucratique que médicale», a déclaré l’intervenant.
Le Pr Rayane a avancé certaines propositions visant à remédier à cette situation. Il a plaidé pour la mise en place de certains paramètres pour réorganiser la discipline et bien juguler le personnel médical nécessaire en fonction des besoins départementaux, et ce, afin «d’améliorer une situation désastreuse. Car, dit-il, le départ d’un spécialiste de cette activité vers d’autres services (administratifs) nuit profondément aux équipes formées à cet effet».
Samir Hamiche