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Le Président Tebboune au Conseil de paix et de sécurité de l’UA:
«L’Afrique se doit d’en finir avec le dernier foyer colonial»

Il a plaidé pour «l’activation du rôle du CPS, en vertu des dispositions de son protocole constitutif afin d’apaiser la situation et d’œuvrer à trouver une solution durable et équitable, conformément aux résolutions pertinentes de l’UA et de l’ONU». Une approche novatrice et forte qui remet l’UA au centre de la problématique et lui donne l’opportunité de réaliser sa mission historique.

Le Royaume du Maroc et la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) devront s’engager dans des pourparlers «directs et sérieux», sous l’égide de l’Union Africaine (UA) et de l’ONU. Le président de la République a eu cette déclaration lors de son allocution lors de la réunion, en visioconférence, du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement. Le chef de l’Etat n’a pas fait de détour dans son propos pour qualifier la situation au Sahara occidental de «grave». Il souligne que l’occasion qui s’offre à l’Union africaine «d’examiner la situation (…) avec l’espoir de voir nos délibérations aboutir à des mesures concrètes et efficaces». Ces mesures pourront «cristalliser une solution durable à ce conflit, qui n’a que trop duré mais qui ne saurait avoir de délais de prescription», a indiqué le président Tebboune.
Le chef de l’Etat trace, dans son allocution, les lignes directrices que devront suivre les membre du CPS, à savoir «réunir les conditions d’un nouveau cessez-le-feu entre la RASD et le Royaume du Maroc, et d’œuvrer à la réalisation d’une solution juste et permanente à même de garantir le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et clore définitivement les dossiers de décolonisation en Afrique», a-t-il affirmé. Une mission stratégique pour cette instance de l’UA qui se retrouve face à sa responsabilité historique. «L’Afrique qui a vaincu l’occupation européenne par sa lutte politique et armée parfois et qui est venue à bout de l’Apartheid, se doit aujourd’hui d’en finir avec le dernier foyer colonial dans notre continent», a insisté le chef de l’Etat, comme pour rappeler aux dirigeants du continent, l’essence même de l’Union africaine. «Face à ces développements dangereux, notre organisation continentale qui avait eu un rôle historique dans l’élaboration et l’adoption du plan de règlement onusien ne peut rester silencieuse ou mise à l’écart. Il est inconcevable d’entendre, après le déclenchement d’une guerre entre deux Etats membres de notre Organisation, des voix, ça et là, tentant d’avancer des (arguments) fallacieux pour la justifier», a-t-il souligné.
Celle-ci a quelque part manqué à son ultime devoir, et la conséquence a été l’échec du cessez-le-feu suite à la violation d’un accord en vigueur depuis 1991. Le président Tebboune pointe à ce propos «l’escalade dangereuse que connaît le conflit au Sahara occidental», estimant qu’il est «la résultante de décennies de politique de blocage et de ralentissement systématiques des Plans de règlement, de contournement du processus de négociations et de tentatives récurrentes d’imposer le fait accompli dans le territoire d’un Etat membre fondateur de l’UA».
La vérité est dite dans toute sa justesse. Et celle-ci se reconnaît dans «l’exploitation illégale des richesses, les démarches visant le changement de la composition démographique des territoires occupés, les violations systématiques menées à l’encontre de citoyennes et de citoyens sahraouis sans défense, outre les tentatives illégales pour modifier le statut du Sahara occidental», accuse à juste titre le président de la République. Il formulera une demande au Secrétaire général de l’ONU de désigner immédiatement son représentant au Sahara occidental, de même que «nous invitons l’ONU à donner, avec l’appui de l’UA, à la mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), des ordres pour faire face aux violations des droits de l’homme au Sahara occidental».
Quant au règlement de ce conflit, M. Tebboune a affirmé que le «processus politique pour le règlement de la question sahraouie sous les auspices de l’ONU, fait face à un blocage sans précédent inexpliqué, au vu des impacts graves de la reprise de la lutte armée». Face aux répercussions de ce conflit susceptible de compromettre la paix et la sécurité dans toute la région, M. Tebboune a plaidé pour «l’activation du rôle du CPS, en vertu des dispositions de son protocole constitutif afin d’apaiser la situation et d’œuvrer à trouver une solution durable et équitable, conformément aux résolutions pertinentes de l’UA et de l’ONU». Une approche novatrice et forte qui remet l’UA au centre de la problématique et lui donne l’opportunité de réaliser sa mission historique. En tout cas, et le président souligne cette nécessité, le conflit doit trouver sa solution avec «le retour aux principes fondateurs de notre Organisation continentale, notamment les dispositions de l’article 4 de l’Acte constitutif de l’UA sur le respect des frontières héritées à l’indépendance, le règlement pacifique des conflits avec l’interdiction de l’usage de la force et des menaces entre les Etats membres et l’importance de la coexistence pacifique».
Pour le Président Tebboune, la vraie issue entre deux pays membre de la même Union africaine serait qu’ils fassent «prôner le dialogue et faire preuve de sagesse pour la relance du processus de règlement du conflit qui a trop duré, en garantissant au peuple sahraoui le droit à une vie décente dans le cadre de la liberté, de la sécurité et de la stabilité, et partant concourir à la réalisation des aspirations de l’ensemble de nos peuples au progrès, à l’unité et à l’intégration». Ce serait la plus éclatante victoire de l’Union Africaine qui aura bouclé avec succès le processus de décolonisation qui a justifié sa création par des Etats, anciennement colonies de pays européens.

Nadera Belkacemi

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