Laideur et régression urbaine…
Sur la placette de la grand poste au centre ville d’Oran, de vieux retraités étalent des bouts de carton pour s’asseoir sur les bordures de marbre limitant les carrés d’espaces verts aménagés il y a quelques temps en guise d’embellissement et de promotion de l’image de la cité. Juste à côté, à l’entrée du marché de la célèbre rue des Aurès, ex-La Bastille, la clochardisation et l’anarchie urbaine semblent installées en décor banal et habituel. Marchands ambulants et vendeurs dits illicites occupent le moindre espace disponible pour étaler toutes sortes de produits alimentaires, même le pain et les laitages, dans des conditions d’hygiène très peu recommandées. Un peu partout au centre ville, des murs et des façades de magasins présentent un aspect décrépi, parfois hideux. En plusieurs endroits, les vestiges des vieilles affiches déchirées des dernières campagnes électorales restent encore collées, illustrant s’il le fallait le laxisme ambiant et le culte de la médiocrité en matière de gestion et de maintenance du cadre urbain. Sur la célèbre rue d’Arzew, le siège du CRIDISH relevant de l’université d’Oran est toujours abandonné et même squatté à l’entrée par des vagabonds et des SDF. Tout comme le présumé siège de la la Société de Géographie, relégué dans le sous-sol humide du marché Michelet, et qui semble aujourd’hui mort d’une mort cruelle après avoir perdu ses collections de cartes et de livres rongés par les conditions lamentables de conservation. Un peu partout à travers les ruelles moins visibles du centre ville, des chaussées et des trottoirs défoncés attendent depuis des décennies une improbable opération de rafistolage inscrite au fameux programme d’embellissement et d’amélioration de l’environnement. A moins de deux mois du grand rendez-vous des Jeux méditerranéens, le discours officiel reste braqué sur les efforts, certes indéniables, engagés pour rattraper les énormes retards enregistrés en matière d’achèvement des infrastructures devant abriter les Jeux méditerranéens. Présentés en sublimes «exploits» de la politique de gestion des affaires locales, les opérations d’aménagement et d’embellissement des grandes façades de la ville contrastent douloureusement avec la marginalisation et l’abandon des intérieurs de la cité livrés à la laideur et à la régression urbaine avancée. Jusqu’à quand ?
Par S.Benali