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L’Algérie renforce sa stratégie agricole : 2026 placée sous le signe des grands projets structurants

Le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Yacine El-Mahdi Oualid, a affirmé, lundi dernier, à Alger, que l’année 2026 sera marquée par la poursuite de la concrétisation de la vision prospective du secteur, axée sur le renforcement de la production nationale, la modernisation de l’agriculture et le développement de la pêche et de l’aquaculture.

Intervenant lors d’une séance d’audition devant la Commission des finances et du budget de l’Assemblée populaire nationale (APN), présidée par Mohamed Benhachem, en présence de la ministre des Relations avec le Parlement, Nadjiba Djilali, le ministre a détaillé les programmes et les enveloppes budgétaires inscrits dans le projet de loi de finances (PLF) 2026, qui traduisent la volonté du gouvernement à consolider la sécurité alimentaire du pays à travers des investissements structurants. Le portefeuille global du secteur bénéficie d’une autorisation d’engagement de 764,264 milliards de dinars, répartie sur quatre programmes principaux : l’agriculture et le développement rural, qui en absorbent 90,25 %, les forêts avec 6 %, la pêche et l’aquaculture avec 0,75 %, et l’administration générale avec 3 %. Les crédits de paiement s’élèvent, quant à eux, à 886,452 milliards de dinars, destinés à la concrétisation de grands projets d’investissement dans les différentes filières agricoles. Parmi ces crédits, 801,602 milliards de dinars sont consacrés à l’agriculture et au développement rural, 55,084 milliards aux forêts, 7,512 milliards à la pêche et à l’aquaculture, et 22,288 milliards à l’administration générale.
Dans le cadre du soutien direct à la production agricole, le ministre a annoncé l’affectation d’une enveloppe de 92,091 milliards de dinars, dédiée à la promotion de l’investissement agricole, à la protection de la santé animale et végétale, à l’organisation de la production et à l’appui aux petits exploitants et éleveurs. Par ailleurs, un montant de 23,298 milliards de dinars est prévu pour le règlement des créances de la société Sonelgaz liées au raccordement des exploitations agricoles au réseau électrique, conformément au programme du président de la République. Le ministre a précisé que la contribution de l’État au financement des offices interprofessionnels, notamment l’Office national interprofessionnel des céréales (OAIC) et l’Office national interprofessionnel du lait (ONIL), s’élève à 427,728 milliards de dinars, soit près de 79 % du total des dépenses de transfert, dont 331,249 milliards au profit de l’OAIC et 96,179 milliards à l’ONIL. Ces aides visent à stabiliser les prix et à préserver le pouvoir d’achat des citoyens. Concernant les investissements structurants, le secteur projette la réalisation et l’équipement de cinq nouveaux silos de stockage de céréales à long terme, d’une capacité totale de cinq millions de quintaux, pour un coût de 47,5 milliards de dinars en autorisations d’engagement et de 14,25 milliards en crédits de paiement. Dix centres de stockage de la poudre de lait seront également construits et équipés au profit de l’ONIL, pour un coût estimé à 12 milliards de dinars. Le ministère poursuivra aussi la régularisation des paiements relatifs aux projets déjà lancés, notamment la réalisation de 30 silos de stockage supplémentaires et de 350 centres de proximité répartis sur 52 wilayas, destinés à renforcer les capacités logistiques du secteur.
Le ministre a également évoqué les projets destinés au développement agricole dans le Sud et les Hauts-Plateaux. Dans ce cadre, il est prévu de raccorder plusieurs mégaprojets agricoles, tels que Baladna, BF et Cevital, aux réseaux d’électricité et de gaz, avec un financement de 40 milliards de dinars en autorisations d’engagement et 20 milliards en crédits de paiement. Le raccordement des périmètres agricoles stratégiques dans 14 wilayas bénéficiera, pour sa part, d’une enveloppe de 23 milliards de dinars, tandis que l’ouverture et l’aménagement des pistes agricoles seront dotés de 10 milliards en autorisations d’engagement et de 2,5 milliards en crédits de paiement.
En matière de gestion des forêts et de lutte contre la désertification, le ministère a inscrit dans le PLF 2026 une enveloppe de 12 milliards de dinars destinée à la réhabilitation, à l’extension et au développement du Barrage Vert dans 13 wilayas. Un autre programme de lutte contre les incendies de forêts a été doté d’un budget global de 1,18 milliard de dinars, dont 1,07 milliard en crédits de paiement. Ce programme prévoit notamment l’acquisition de 25 camions-citernes d’une capacité de 3 000 litres, de 20 véhicules légers et de 3 000 kits complets de lutte anti-incendie, ainsi que du matériel moderne de détection et de surveillance pour une intervention rapide. En ce qui concerne le secteur de la pêche et de l’aquaculture, une enveloppe de 400 millions de dinars en autorisations d’engagement et 100 millions en crédits de paiement est prévue pour la réalisation du recensement général du secteur et pour la numérisation des activités. Deux simulateurs de navigation et de pêche seront acquis au profit des écoles de formation spécialisées, afin de renforcer les capacités des futurs professionnels.
Abordant les grandes orientations du secteur pour 2026, M. Oualid a insisté sur la priorité accordée à l’intensification de la production nationale et au soutien des filières stratégiques, notamment celles des céréales, des légumineuses sèches, du colza oléagineux et du maïs. Il a souligné la nécessité d’accroître la productivité à travers la généralisation de la mécanisation, le développement de l’irrigation et la formation des agriculteurs aux techniques modernes, tout en soutenant les intrants essentiels comme les semences et les engrais. L’objectif est de réduire la dépendance vis-à-vis des importations et d’accroître la résilience du système alimentaire national. Le ministre a, à ce titre, mis en avant l’importance du développement des industries agroalimentaires, notamment celles du lait et de la tomate industrielle, ainsi que le renforcement des capacités de stockage sous froid et la promotion des programmes de reboisement. M. Oualid a enfin salué les conclusions de la Conférence nationale sur la modernisation de l’agriculture, organisée les 27 et 28 octobre derniers, qui s’est soldée par plus de 300 recommandations. Ces propositions, a-t-il souligné, visent à faire de l’agriculture un véritable levier économique fondé sur la technologie, la numérisation et la durabilité. Clôturant son intervention, il a affirmé que le secteur « avance à pas sûrs, selon une vision prospective et une stratégie claire, élaborée avec la participation de toutes les compétences nationales », estimant que cette approche permettra, à moyen terme, d’atteindre la souveraineté alimentaire du pays, grâce à la mobilisation et à la contribution de tous les acteurs du monde agricole et rural.

Mohand S

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