L’aménagement des Planteurs… ou la culture des illusions !
Le plan d’aménagement du quartier Les Planteurs, évoqué par les pouvoirs publics depuis déjà près d’une vingtaine d’années, semble lui aussi prendre le même chemin cahoteux et incertain qui a été imposé au vieux projet de restructuration du quartier historique de Sidi El Houari. Un projet annoncé en grande pompe durant les années 70, et qui avait bénéficié à l’époque du Premier ministre Sid Ahmed Ghozali d’une enveloppe de financement de 4 milliards de dinars. Les Oranais, parmi les plus âgés, se souviennent que dans le cadre de la restructuration de Sidi El Houari, un vaste projet d’aménagement des sites autour de la place du 1er Novembre a été également engagé. Les études, confiés à l’époque à un bureau Yougoslave, prévoyaient la construction d’un grand complexe commercial, culturel et récréatif sur le terrain occupé par le centre d’information de l’ANP, et bien d’autres structures modernes devant rehausser le statut et l’image du centre ville de la capitale oranaise. Mais depuis, rien de bien visible, d’important ou de significatif n’a été concrétisé . Et l’on ne peut que s’interroger sur la destination de ces énormes sommes d’argent ayant servi à financer des schémas et de présumées études urbaines qui, pour des experts oranais, n’avaient d’études que le nom. Aujourd’hui encore beaucoup de citoyens profanes s’interrogent sur l’avenir de cette grande zone urbaine sur les hauteurs de Sidi El Houari, notamment les quartiers de Ras El Ain et des Planteurs qui constituent la plus grosse concentration de bidonvilles de la wilaya d’Oran. Un bidonville «historique» qui n’a jamais cessé de s’étendre et de s’incruster durablement sous le regard passif et indifférent de toutes les autorités concernées. Et plus tard, quand l’ordre fut donné de démolir le bidonville et d’aménager le site, aucun des responsables locaux successifs en charge du dossier ne savait où ni comment aborder efficacement la mission. Et des années durant, les pouvoirs publics ont entamé des opérations de démolition, limitées par les capacités de relogement des occupants, mais rendues inutiles en raison de la réapparition sur le même site des baraques démolies et du déficit cumulé chaque année en matière de logements disponibles pour cette opération d’éradication de l’habitat précaire du quartier des Planteurs. Fatalement, tous les discours techniques et toutes les belles théories avancées aujourd’hui sur la stratégie d’aménagement urbain de ce site ne servent pour l’instant strictement à rien, sinon à cultiver l’illusion que les pouvoirs publics sont bien là, présents et savent préparer l’avenir.
Par S.Benali