Ces derniers jours, plusieurs médicaments et produits pharmaceutiques utilisés dans le protocole thérapeutique prescrit contre le coronavirus sont sous tension et en rupture de stock au niveau des officines. La forte demande suscitée par la hausse des contaminations par le coronavirus n’est pas le seul facteur ayant engendré les pénuries.
En plus de la spéculation, de la vente concomitante et de la rétention des médicaments, les pratiques de certains opérateurs activant dans l’importation et dans la distribution ont été dénoncées par le ministre de l’Industrie pharmaceutique. Le Dr Abderrahmane Djamel Lotfi Benbahmed, a évoqué, hier, les raisons de la tension sur les médicaments lors de son intervention sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale, pointant du doigt «le lobby de l’importation». Le ministre a précisé aussi que ce lobby «se retrouve aussi au niveau de la distribution».
Alors que la tension sur les produits prescrits contre la Covid-19 est un problème auquel ont fait face de nombreuses officines au niveau national qui s’est accentué avec l’arrivée de la quatrième vague de la pandémie, le ministre a tenu à rassurer sur leur disponibilité, arguant par le fait qu’ils sont produits en quantité en Algérie y compris les tests et l’oxygène. «Il ne peut pas y avoir de rupture car l’ensemble de ces produits sont fabriqués localement, y compris les tests et l’oxygène», a répondu le Dr Benbahmed à une question sur le risque d’une éventuelle rupture de stocks des médicaments entrant dans le protocole thérapeutique anti-Covid-19.
Le ministre a détaillé ensuite les pratiques illégales appliquées par certains opérateurs du secteur, faisant savoir que des mises en demeure ont été prononcées. Il a ainsi déploré «une rétention et une spéculation» de la part de certains distributeurs, qui «ne libéraient pas leurs produits dans le délai légal de 48 heures», avec l’intention de faire de «la vente concomitante et de la vente associée», ce qui est, a-t-il dit, «complètement interdit». Il a ajouté qu’«une vingtaine de mise en demeure ont été notifiées à des distributeurs, et des fermetures ont eu lieu», dans le cadre des inspections menées par les brigades mixtes avec le ministère du Commerce.
Par ailleurs, et en vue de mieux réguler l’activité de la distribution de médicament, le Dr Benbahmed a annoncé, à la même occasion, la publication au journal officiel dans les prochains jours d’un nouveau cahier des charges sur la distribution des produits pharmaceutiques. Il a précisé que ce nouveau cahier des charges «verra le jour par arrêté publié au journal officiel», ajoutant qu’il permettra de contrecarrer, notamment, «tout acte de rétention ou spéculatif de la part des distributeurs». Il a, dans ce sens, souligné que «l’ensemble des distributeurs seront reagréés avant la fin du mois de février prochain», précisant que «ce travail se fait de concert avec les associations des distributeurs, des producteurs, les syndicats et les ordres des pharmaciens».
Le ministre a détaillé le «dispositif particulier» de veille et de contrôle du programme d’importation et de production des produits pharmaceutiques, mis en place pour assurer une «disponibilité continue», soulignant, à ce propos, que la conjoncture actuelle est «exceptionnelle» car il s’agit d’une période de pandémie.
Pour ce qui est des perspectives du secteur de l’industrie pharmaceutique pour l’année 2022, le ministre a affirmé qu’elles sont «plus que prometteuses même en termes d’exportation». Il a affirmé, ensuite, que l’industrie pharmaceutique algérienne organisera au mois de mai prochain une foire à Dakar (Sénégal) et une autre, en cours de préparation, aux Emirats Arabes Unies. Évoquant enfin la facture d’importation des médicaments, il a affirmé qu’elle a baissé en 2021 de 800 millions de dollars par rapport à 2019, reculant de 2 à 1,2 milliards de dollars, tandis que la production nationale a évolué d’un milliard de dollars durant la même période.
Samir Hamiche