Cette série de rencontres permettra au chef de l’Etat de tâter le pouls de la scène nationale et, partant, construire des passerelles entre l’institution présidentielle et la classe politique, afin d’aboutir à un consensus sur la nécessité de recourir aux urnes pour édifier un système politique, proche des desiderata des électeurs.
Le président de la République a entamé un processus de rencontres politique appelé à durer dans le temps. En effet, après les audiences accordées aux responsables des formations politiques de Jil Jadid, Bina et Front El Moustaqbel, avant-hier, le chef de l’Etat a reçu, hier, le président du MSP, le premier secrétaire du FFS et le président d’El Islah. Cela fait donc 6 formations politiques reçues en deux jours. Il y a dans cette démarche une volonté présidentielle de baliser le terrain pour réussir les prochaines échéances électorales. Cette perspective qui intéresse la classe politique nationale au premier chef n’interdit pas les discussions sur d’autres questions qui intéressent la société dans son ensemble. A travers ces rencontres et la nature des débats qu’ouvre le président Tebboune avec les représentants des partis, une nouvelle approche semble se matérialiser dans la communication présidentielle. L’on retiendra cette impression au regard du communiqué rendu public par le MSP où « la situation politique, économique, sociale et externe du pays, ainsi que les initiatives qu’il (le président de la République) compte prendre », ont été abordées. Le même communiqué souligne également que «le président du MSP a exposé, concernant les divers dossiers, les points de vue du mouvement à même de permettre de réaliser la relance économique, de concrétiser la dignité du citoyen en améliorant ses conditions de vie et de protéger le pays des dangers régionaux et mondiaux». Un large aréopage de dossiers qui permet au parti islamiste de transmettre ses préoccupations, par la voix de son président Abderrezak Makri, au plus haut responsable de l’Etat.
L’autre «grosse cylindrée» de l’opposition reçue par M. Tebboune est le FFS, dont la délégation a été conduite par Youcef Aouchiche. Le parti du défunt Ait Ahmed n’a pas communiqué sur le contenu des discussions, mais le fait d’avoir répondu positivement à l’invitation du chef de l’Etat traduit la possibilité d’un dialogue serein. Il s’agit d’une première depuis des années pour le FFS. Depuis la rencontre de Hocine Ait Ahmed avec le Chef de l’Etat démissionnaire en 1998, en l’occurrence, Liamine Zeroual, aucun responsable du FFS n’avait rencontré l’ancien président, Abdelaziz Bouteflika. Outre ces deux formations, le président Tebboune a accordé une audience au président du mouvement El Islah, Filali Ghouni, rapporte un communiqué de la Présidence de la République. Le mouvement El Islah, représenté à l’APN et partie prenante de toutes les échéances électorales, est l’un des soutiens à la démarche du président de la République.
Cette série de rencontres permettra au chef de l’Etat de tâter le pouls de la scène nationale et, partant, construire des passerelles entre l’institution présidentielle et la classe politique, afin d’aboutir à un consensus sur la nécessité de recourir aux urnes pour édifier un système politique, proche des desiderata des électeurs. Il reste bien entendu à réussir les prochaines échéances électorales, à travers un taux de participations aux scrutins assez importants pour fermer la porte à l’idée de transition et s’engager sérieusement dans l’édification d’un Etat démocratique et fort.
Anissa Mesdouf