Fort de ses 150.000 habitants:
Le secteur urbain «Ibn Sina», noyé dans ses vicissitudes quotidiennes
Avec ses 150.000 habitants environ, le secteur urbain « Ibn Sina », géographiquement, l’une des plus vastes circonscriptions territoriales relevant de la commune d’Oran, est une petite ville dans une ville. Sa forte densité populaire, s’étalant sur une surface habitable de près de 350 hectares, en fait, sur le plan socio-économique, un des secteurs les plus défavorisés.
Selon quelques avis d’experts, là où le gigantisme peut-être un atout, notamment sur le plan fiscal, pour le secteur Ibn Sina, c’est un désavantage du fait que près de 90 % de son territoire soit une zone immobilière réservée à l’habitation et donc dépourvue de zones d’activité. La perception des taxes d’habitation constitue presque la seule ressource fiscale, au demeurant assez infime, comparativement à d’autres secteurs urbains, plus ou moins favorisés par leur position géographique. Le découpage administratif n’aura en fin de compte que peu servi cette circonscription qui doit compter sur des financements budgétaires communaux pour prétendre entreprendre toute forme d’opération.
La tâche n’est pas des plus aisées, comme le souligne le délégué du secteur urbain, Mr Abdelkader Tasfaout, précisant qu’outre l’intense activité administrative, l’essentiel de la gestion se résume au travail technique qui se fait à l’extérieur, plus précisément dans la collecte des ordures qui accapare à elle seule près de 80 % du volume global du temps imparti aux activités de la DHA, qui est la division de l’hygiène. Mais les moyens ne sont pas toujours là pour prendre en charge tous les quartiers qui relèvent de ce secteur et que sont, « Victor Hugo », « Bastié», « Delmonte », « Savignon », «Petit Lac », plus une partie qui s’étend de l’îlot de « Monté Carlo » en passant par le rond point de la Wilaya près du «Groupe de Lattre » et continuer vers la pénétrante qui sépare le quartier des « Castors » de celui de « Delmonte » avant de clore le circuit au rond point El Bahia. Des quartiers tentaculaires et eux aussi à forte densité populaire. Le secteur urbain Ibn Sina, ce sont aussi, ces centaines, voire des milliers de citoyens qui y transitent journellement du fait de l’existence d’un des plus gros marchés en plein air d’Oran, une sorte de marché aux puces, où se vendent notamment des articles d’occasions et de brocante et qui constitue le gagne- pain d’une grande majorité de jeunes et de moins jeunes affluant de tous les quartiers de la ville et même d’autres wilayas. Il y a lieu de souligner que les problèmes sociaux tout autant que les fléaux, n’épargnent pas la population, notamment juvénile, de ce secteur, dont l’échec scolaire et le dénuement. La surpopulation et la promiscuité ne favorisent pas l’épanouissement. Et pour cause, comparativement aux autres secteurs urbains, celui d’Ibn Sina est le seul secteur qui n’a bénéficié jusqu’à aujourd’hui que d’une seule opération de relogement, apprend-on du délégué de ce secteur.
Une opération qui s’était d’ailleurs déroulée dans une contestation assez spectaculaire. Il est certes annoncé un nouveau recensement de 300 habitations précaires, mais cela suffira-t-il à apaiser une colère emmagasinée depuis des années ? L’entassement de tant de problèmes socio-économiques concentrés en un seul secteur, réclame assurément plus de cohérence pour atténuer quelque peu les disparités qui frappent ce secteur et par delà, donner un meilleur sens au cadre de vie de sa population. Des familles humbles peuplent ce secteur, un peu plus d’égards en leur direction, ne serait pas de trop, rétorque le délégué du secteur urbain, Mr Abdelkader Tasfaout.
Karim.B