Le système de santé national doit être réformé dans sa globalité. C’est le plaidoyer qui a été lancé par le professeur Djamel Eddine Nibouche, chef de service cardiologie au CHU Nafissa Hamoud.
Intervenant hier sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale, le professeur a indiqué que le secteur de la santé, qui souffre de plusieurs déficiences, a besoin d’être réformé de fond en comble. «La réforme est une priorité stratégique, elle se fait lorsque le système de santé devient non performant et là il faut faire le diagnostic de la non-performance pour savoir s’il faut tout changer ou juste certaines choses», a-t-il déclaré sur la Radio nationale.
Il a précisé dans ce contexte que la réforme est un travail de longue haleine qui doit être préparée et élaborée d’une façon judicieuse en ayant un consensus avec les experts, les chercheurs et les professionnels du secteur. Le praticien a souligné par ailleurs que «le ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière existe depuis une quinzaine d’années, mais rien n’a été fait».
Le Pr Nibouche a affirmé qu’en vue d’accélérer la réforme hospitalière, le président de la République a mis en place un certain nombre de dispositions telles que la création d’un ministère délégué à la réforme hospitalière, la désignation d’un secrétaire d’Etat qui s’occupe de ce volet à travers l’élaboration de textes nécessaires. Par ailleurs, le Pr Nibouche a souligné une série de facteurs ayant bloqué les efforts de la réforme du secteur de la santé, à savoir une démographie galopante avec une augmentation de la demande en matière de soins. Il a cité aussi le développement de la santé d’une façon anarchique sans planification rigoureuse, ce qui a amené le secteur à la situation actuelle.
Le praticien a affirmé aussi que l’épidémiologie de l’Algérie actuelle n’est pas celle des années 1970. Il a indiqué qu’actuellement, «nous avons plus de maladies dégénératives comme les pathologies cardiovasculaires, nous avons beaucoup plus de cancers, nous avons beaucoup plus de maladies qui coûtent très cher et nous avons maintenant des épidémies à gérer». Pour que le secteur de la santé soit en concomitance avec les différents développements, il a souligné l’impératif de l’adapter aux catastrophes avec à la carte un plan national de sauvetage. Sur ce point, le praticien évoque l’exemple de la lutte de l’Algérie contre la pandémie du coronavirus, affirmant que le secteur de la santé n’était pas préparé pour y faire face.
Pour réformer le secteur, le Pr Nibouche a affirmé qu’il y a des priorités, à savoir la réorganisation de l’hôpital car il y a un désordre. «La gestion de nos hôpitaux est archaïque et il faut remettre de l’ordre et moderniser sa gestion», a-t-il déploré et d’ajouter : «la gestion hospitalière est anachronique et repose sur des méthodes anciennes», appelant à une modernisation rigoureuse de cette gestion. « Numériser c’est bien, mais cela ne suffit pas qu’elle ne soit pas une action globale et que tout doit être réformé en phase», a-t-il déclaré.
Pour l’intervenant de la Radio nationale, l’hôpital doit être géré comme une clinique privée, qui ne souffre pas de pannes qui causent des arrêts de services et pour s’y faire avec une gestion moderne. «Il faut le débarrasser de certaines charges comme la nourriture, de la maintenance, la gestion du parc ambulance, de la blanchisserie qui ne font pas partie de sa vocation première», a-t-il déclaré. «Voyez-vous une clinique privée qui travaille 24 heures 7/7 tomber en panne ?! Alors qu’au niveau d’un hôpital on reste des mois pour pouvoir réparer un appareil», a-t-il souligné, affirmant que la gestion de l’hôpital doit se hisser aux standards internationaux.
Samir Hamiche