Enième tragédie de la mer à Aïn El Turck:
Les cadavres de deux harragas rejetés par la mer
Les corps sans vie de deux harragas ont été rejetés par la mer, dans la matinée d’hier vendredi, sur les plages du chef-lieu de la daïra d’Aïn El Turck, apprend-on de sources policières.
Le cadavre en décomposition de l’un d’eux, âgé environ une trentaine d’années, a été retrouvé, flottant sur le rivage de la plage de Paradis par des riverains, qui ont aussitôt alerté les forces de police. Le deuxième, âgé d’une vingtaine d’années, a été repêché au niveau de la plage de St Roch. Selon nos sources, il s’agirait probablement de deux harragas parmi les quatorze, qui ont été portés disparus une dizaine de jours auparavant, lors du naufrage de leur embarcation, survenu à mi-chemin des côtes espagnoles. Ils étaient au nombre de seize à s’entasser dans une chaloupe désuète, au niveau d’une plage du chef-lieu, pour tenter la folle traversée vers les côtes de la péninsule ibérique. Leur embarcation a subitement pris l’eau avant de couler. Deux parmi ses seize malheureux candidats à l’émigration clandestine, qui s’étaient accrochés à des jerricans d’essence, ont été secourus in-extrémis par les forces héliportées de la Guardia Civile. Les malheureux harragas auraient déboursé chacun entre 70 et 80 millions de centimes pour prendre part à cette insensée aventure.
Il convient de signaler dans ce tragique contexte que les bonnes conditions météorologiques, avec une mer calme et l’absence de vent, qui prévalent ces derniers jours, constituent à priori les principaux facteurs qui sont pris en considération par les passeurs pour concocter les folles aventures et ce, en n’hésitant pas à exposer au péril la vie des candidats à l’émigration clandestine. Selon des sources concordantes, les plages des localités du chef-lieu de la daïra d’Aïn El Turck, celle de Coralès, dans la municipalité de Bousfer et à un degré moindre les Andalouses dans la contrée d’Aïn El Turck, ainsi que celles de Madagh, sur le territoire de la commune d’Aïn El kerma, dans la daïra de Boutlélis, ont constitué le point de départ pour ces boat people.
Un certain nombre de ces embarcations de fortune, payées au prix fort, n’ont évidemment pas tenu la mer et ce, au grand dam de ces jeunes et moins jeunes subjugués par le chant des sirènes, venus de différentes régions d’Oran et même celle d’autres wilayas du pays. Nos sources font état des agissements frauduleux de rabatteurs, faisant partie de réseaux spécialisés dans l’organisation de traversée clandestine, qui ont pour mission de ferrer le poisson, en louant les éloges de leurs prétendues réussites de traversées clandestines. De nombreux jeunes et moins jeunes d’Oran et de ses régions limitrophes, sont tombés dans les rets sournoisement tissés par ces passeurs. Certains ont failli laisser leur vie alors que d’autres ont péri noyés. Il importe de noter aussi que dans le cadre de la lutte contre le phénomène des traversées clandestines, les différents corps de sécurité, police, gendarmerie et gardes côtes, ont resserré l’étau sur la côte de la contrée d’Aïn El Turck et ce, en effectuant des patrouilles régulières de surveillance notamment avec l’amélioration des conditions météorologique. Tout mouvement d’individus suspects sur les plages est aussitôt soumis à un contrôle et les embarcations suscitant un doute font l’objet d’une saisie. Dans la foulée, il a été procédé à la condamnation des mises à l’eau jalonnant la côte d’Aïn El Turck. Cette décision a été prise pour tenter d’éradiquer les départs des boat people à partir des ces mises à l’eau. Signalons également que les régulières interventions opérées par les gardes-côtes de la marine nationale au large de ladite contrée confirment la recrudescence du phénomène de la traversée clandestine, qui a, notons-le, régressé avec l’avènement de la pandémie du covid-19.
Rachid Boutlélis