Les vieilles bâtisses ciblées par de présumés courtiers
Dans une grande cité d’habitat de la zone USTO, au détour de leur débat quotidien autour d’un café, des résidents retraités évoquent l’acquisition possible d’un logement délabré dans un vieux quartier moyennant une somme dérisoire. L’un deux affirme que son fils marié, qui partageait avec lui son appartement de trois pièces, a fini par acheter un studio à Hai Derb dans un vieil immeuble déclaré en ruine qui venait d’être évacué.
L’occupant relogé aurait cédé son vieux logement à risque d’effondrement à un courtier d’un genre particulier, surtout habile à dénicher des familles très mal logées qui accepteraient de payer quelques milliers de dinars pour occuper un vieux bâti, même inscrit à la démolition, mais ouvrant la voie à l’obtention d’un logement social.
Plusieurs témoins, observateurs avisés du terrain social oranais, indiquent en effet qu’ au niveau des vieux quartiers de la ville, dont St pierre, hai Derb et Sidi El Houari et même sur le grand site de bidonville des Planteurs certains énergumènes véreux se convertissent en «courtiers» pour organiser des transactions illicites et gagner de l’argent sur le dos de familles en difficultés en leur proposant la vente d’appartements dans des immeubles en ruine, dont les occupants ont été relogés.
Le risque d’effondrement des vieilles bâtisses ne semble guère déranger les acheteurs ni encore moins les vendeurs qui se réfugient souvent derrière des considérations religieuses et «philosophiques» sur le «Destin et la Destinée». Vendre et acheter un appartement dans un immeuble en ruine, dont les occupants ont été évacués parfois depuis plusieurs années, est devenu pour ces courtiers une activité commerciale lucrative qui prolifère dans l’impunité. Même si les fenêtres et les accès de certains immeubles menaçant ruine et évacués ont été condamnés par les services communaux, cela n’empêche pas des squatteurs de démolir les obstructions et d’occuper l’endroit.
Des observateurs soulignent que les récentes consignes du Gouvernement concernant les conditions à respecter avant expulsion de familles occupant illicitement un habitat, notamment durant la période hivernale, risquent fort de favoriser l’extension du fléau des «courtiers» vendeurs d’appartements dans le vieux bâti occupé. D’autant plus que la problématique des immeubles évacués et non démolis se pose avec acuité notamment en raison des difficultés techniques entravant la démolition des bâtisses dans ces vieux îlots d’habitat ou les structures de construction sont interdépendantes.
Sans parler de la dynamique de la wilaya d’Oran en matière de résorption de l’habitat précaire qui repose sur la multiplication des opérations de relogement, ce qui induit fatalement une augmentation constante du nombre d’immeubles délabrés à inscrire sur les listes de démolition… On peut dire au final que la ville d’Oran n’est pas encore « sortie de l’auberge… »
Par S.Benali