Oran Aujourd'hui

L’étalage de la misère et de la régression

Constat: A Oran, comme dans toutes les communes de la wilaya et sans doute ailleurs, la lutte contre l’occupation des espaces publics par le commerce informel semble depuis quelque temps rangée aux oubliettes. Un peu partout à travers les quartiers et les grandes cité d’habitat, des trottoirs entiers et parfois même des ruelles sont transformées en marchés sauvages de fruits et légumes et autres produits alimentaires dont le pain et le lait exposés sous le soleil, la poussière, et les gaz d’échappement des véhicules. Des images que l’on croyait ne plus voir sur le paysage urbain, mais qui reviennent plus que jamais en force, contredisant toutes les promesses et tous les discours de certains anciens responsables ayant disparu de l’horizon. Selon des observateurs, en ce début de période estivale, la capitale oranaise accueille comme chaque année des milliers de vacanciers venus de toutes les wilayas de l’intérieur pour profiter de la fraîcheur du littoral.
Comme chaque année en pareille saison, la hausse de la demande en produits d’alimentation générale entraîne évidemment une nette augmentation de l’activité commerciale dite sauvage ou illicite, mais qui à l’évidence ne saurait être éradiquée sans de sérieuses mesures d’organisation et d’encadrement. Mais à défaut d’initiatives intelligentes et efficaces permettant au moins d’assurer un minimum d’hygiène et de sécurité à travers les très nombreux points de vente, c’est le règne de l’anarchie et du chaos à tous les étages. Au quartier des HLM/USTO, la rue longeant la clôture de la mosquée est complètement occupée par les marchands ayant érigé des stands en bâches et armatures métalliques. Des branchements sauvages au réseau électrique permettent aux commerçants d’éclairer leur point de vente jusqu’à des heures avancées de la nuit. Certains poussent l’initiative jusqu’à fleurir et décorer leur devanture avec des guirlandes lumineuses. Une sorte de kermesse commerciale sauvage où les notions d’hygiène et de sécurité semblent totalement ignorées. Ici et là, des charrettes tractées par des baudets et des canassons, des étalages grossièrement montés et démontés en quelques minutes, et des cartons posés à même le sol servant de présentoir aux marchandises dans un décor de clochardisation indigne même du douar le plus démuni de la région. Oran est une «métropole régionale moderne», se plaisent à scander souvent certains acteurs qui croient pouvoir «cacher le soleil avec un tamis». Certes, l’éloge des tâtonnements et de la médiocrité est plutôt facile pour ceux qui refusent de voir l’étalage de la misère et de la régression que l’on ne cessera jamais de dénoncer.
Par S.Benali

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