L’inquiétude des commerçants du vieux quartier Derb
Les commerçants du vieux quartier de Derb, mitoyen à Sidi El Houari, affichent depuis quelques temps leurs inquiétudes et revendiquent des garanties pour la préservation de leurs droits face aux annonces de réhabilitation et de restructuration de leur quartier.
On sait qu’une «commission de mise en œuvre et de suivi du plan de réhabilitation du vieux quartier de Derb» a été installée en 2023 par l’ancien wali afin de concrétiser ce vieux projet urbain datant déjà de plus de vingt ans. Les commerçants activant dans les locaux situés au bas des anciens immeubles visés par d’éventuelles démolitions se demandent si les engagements pris par les anciens décideurs seront respectés et si leur participation à ce programme de réhabilitation et de revitalisation urbaine sera assurée. D’autant plus, disent-ils à juste titre, qu’ils constituent un partenaire social indéniable dans ce quartier à vocation commerciale «ancrée sur des modes et des pratiques pouvant même être inscrites au patrimoine matériel et immatériel de la cité».
Il est vrai que ce vieil ensemble urbain des quartiers Derb et Sidi El Houari constitue un site important pour l’histoire de la ville et la mémoire collective des Oranais. Une zone urbaine historique qui aurait dû depuis très longtemps déjà mobiliser tous les moyens et les compétences pour engager une véritable dynamique de restauration et de revitalisation. On sait malheureusement à quel point l’ancien système de gouvernance locale était gangréné par l’amateurisme, le laxisme et les promesses sans lendemain.
Le parcours des vieux quartiers Ederb et Sidi El Houari depuis l’indépendance illustre on ne peut mieux la longue liste des échecs et des renoncements permanents forgeant la légendaire fatalité de la régression dans bon nombre de domaines. Sidi El Houari, Les planteurs, El Derb, Ras El-Aïn, sont autant de quartiers qui depuis des décennies posent d’évidents problèmes d’aménagement, de restructuration et de consolidation de l’immobilier fragilisés par le temps et l’abandon.
Depuis des années, des urbanistes locaux, et parfois étrangers, ont de temps à autres étudier ces espaces d’habitat et proposer aux gouvernants de l’époque des schémas d’évolution intéressants et crédibles.
Malheureusement les décideurs de l’époque ne fonctionnaient qu’au registre des médiocres improvisations engagées à grands coups de crédits pour une restauration bien illusoire. Il y a une dizaine d’année, le wali alors en poste annonçait avec aplomb et certitude que le vieux quartier Derb au prolongement immédiat de la grande place du 1er Novembre allait être entièrement rasé afin d’édifier à sa place une zone d’habitat moderne avec des espaces verts et des aires de détente.
A l’époque le slogan «Pour une ville moderne» permettait tous les discours pompeux et tous les mensonges par omissions. Aujourd’hui, avec les opérations de démolition des bâtisses en ruine et les actions de relogement, les commerçants encore en activité au bas des immeubles inscrits à la démolition s’interrogent légitimement sur leur avenir.
Car ils se demandent en quoi «un plan de restructuration du quartier populaire de Derb» peut garantir leur maintien dans leur propriété située sous un vieux bâti fragilisé devant être démoli.
Par S.Benali