Oran

Lutte contre l’orthophonie : l’école au cœur du dépistage précoce

Dans un contexte marqué par des troubles du langage et de la communication relevés chez l’enfant se manifestant de plus en plus tôt, le rôle du milieu scolaire s’impose comme une pièce maîtresse dans leur détection précoce. Intervenant sur les ondes de la Radio d’Oran, l’orthophoniste et spécialiste des troubles du langage, Mme Mahi Hani Manal, a souligné «l’importance du travail d’observation et de collaboration entre les enseignants, les parents et les professionnels de santé.

La spécialiste a affirmé que «l’école est le premier espace où l’enfant exprime ses compétences linguistiques et communicatives dans un cadre social élargi». C’est là que les enseignants peuvent remarquer les premiers signes d’un trouble orthophonique se traduisant par des difficultés d’articulation, des lenteurs dans la compréhension des consignes, le vocabulaire limité ou encore le désintérêt pour les activités verbales. Ces signes, lorsqu’ils sont identifiés tôt, permettent une orientation rapide vers un diagnostic spécialisé et une prise en charge efficace. L’experte Mahi a insisté sur le rôle capital de la formation des enseignants dans ce domaine.
«Un enseignant sensibilisé saura distinguer un simple retard passager d’un véritable trouble du langage», explique-t-elle, rappelant que «l’absence d’intervention précoce peut entraîner des conséquences durables sur la scolarité et l’équilibre psychologique de l’enfant». Elle a ajouté que la communication entre les établissements scolaires et les orthophonistes demeure encore insuffisante dans de nombreuses régions, d’où la nécessité de bâtir des passerelles entre le milieu éducatif et le secteur paramédical».
Les troubles orthophoniques regroupent un large éventail de difficultés dont la dyslexie, le bégaiement, des troubles articulatoires, des retards de langage ou encore des troubles de la communication sociale. En Algérie, les spécialistes estiment que près d’un enfant sur dix présente un trouble du langage nécessitant un suivi. L’école, de par sa proximité quotidienne avec l’enfant, est donc un maillon essentiel de la chaîne de prévention. Pour Mme Mahi Manal, la clé réside dans la mise en place d’un dispositif d’écoute et de repérage au sein des établissements.
«Un simple entretien avec les parents, une observation régulière ou un signalement à temps peuvent changer le parcours scolaire d’un élève», a expliqué la même spécialiste. Elle a recommandé également «l’organisation d’ateliers de sensibilisation à destination des enseignants et des parents, afin de mieux comprendre le rôle du langage dans le développement cognitif et social de l’enfant». Les orthophonistes plaident depuis plusieurs années pour une intégration plus claire de leurs expertises dans le système éducatif. Plusieurs wilayas ont déjà lancé des programmes pilotes où des orthophonistes interviennent directement dans les écoles pour effectuer des dépistages précoces. Les résultats sont, selon Mme Mahi, «très encourageants, car ils permettent de réduire considérablement le retard de diagnostic». Au-delà de la détection, l’école peut aussi devenir un espace de rééducation et d’inclusion. Des activités ludiques, des exercices de lecture adaptés ou encore des ateliers d’expression orale peuvent être intégrés dans les programmes, en concertation avec les orthophonistes.
Ces initiatives contribuent non seulement à corriger les troubles, mais aussi à renforcer la confiance et l’estime de soi chez les enfants concernés.
En conclusion, Mme Mahi Manal appelle à une synergie durable entre les acteurs éducatifs et médicaux. « Le langage est le socle de tout apprentissage. Aider un enfant à mieux parler, c’est lui ouvrir la voie vers la réussite scolaire et sociale », résume-t-elle. L’école, loin d’être un simple lieu d’instruction, apparaît ainsi comme un véritable partenaire de santé publique, capable d’agir en amont pour prévenir les difficultés de communication et favoriser l’épanouissement global de l’enfant.

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page