Oran

Maladies rares et chroniques : la biochimie au cœur du diagnostic précoce

«Près de 80 % des diagnostics médicaux reposent sur les analyses sanguines», a affirmé le professeur Nachimerad, chef du service de biochimie de l’EHU d’Oran. Il a ajouté que ces analyses constituent un outil essentiel de suivi et de détection précoce, notamment pour les maladies rares dont la reconnaissance reste souvent complexe.

S’exprimant en marge du 3? colloque international de biochimie et des 2? journées nationales du laboratoire de recherche en biochimie médicale et biologie moléculaire, le professeur Nachimerad a insisté sur l’importance capitale du dépistage précoce. «Les examens de routine permettent d’identifier à un stade initial des affections chroniques telles que le diabète, l’hypertension, les pathologies cardiaques ou rénales.
Cela favorise une prise en charge rapide et évite des complications graves», explique-t-il. Le même responsable a révélé qu’un plan national de prise en charge des maladies rares et chroniques est en cours d’élaboration et devrait être finalisé avant la fin de l’année 2025. Ce dispositif, soutenu par le ministère de la Santé, prévoit une dotation budgétaire spécifique pour le suivi de 129 pathologies recensées par une commission spécialisée. «Ce plan représentera une avancée majeure comparable à celle du programme national de lutte contre le cancer», souligne le même professeur, ajoutant qu’il ouvrira la voie à une meilleure disponibilité des médicaments et à une meilleure coordination des soins. Placé sous le thème «La biologie dans les maladies métaboliques cardiaques», le colloque international, s’est tenu sur deux jours à l’EHU d’Oran. Il a réuni plus de 200 participants venus de plusieurs wilayas, dont Alger, Sétif, Annaba et Sidi Bel Abbès ainsi que des experts étrangers intervenant par visioconférence. Les travaux se sont articulés autour de quatre grands axes liés aux maladies rares, les pathologies cardiaques et vasculaires, les affections rénales et hépatiques, ainsi que le diabète et l’obésité. Ces thématiques ont permis d’aborder la place centrale de la biochimie médicale et de la biologie moléculaire dans la compréhension des mécanismes de ces maladies complexes.
Le professeur Aït Abdelkader, président de l’Association algérienne de biochimie et de génétique médicale, a rappelé que la biochimie constitue un pilier essentiel du diagnostic des maladies rares. « Ce rendez-vous scientifique est aussi un espace d’échange d’expériences et de transfert de technologies entre chercheurs et cliniciens», a-t-il indiqué. Sous la supervision de Nadir Borsali, secrétaire général de l’EHU, l’événement a proposé un programme riche comprenant 24 communications orales, 5 ateliers pratiques et plus de 50 affiches électroniques (e-posters). Les discussions ont notamment porté sur les nouvelles approches génétiques appliquées à la médecine de précision, comme la technique du séquençage de nouvelle génération (NGS), désormais incontournable dans le repérage des mutations responsables de nombreuses affections. Ce colloque s’inscrit dans la dynamique nationale visant à moderniser le système de santé et à renforcer la recherche biomédicale. L’initiative s’aligne sur la volonté des autorités de faire de la médecine préventive un levier prioritaire de la politique sanitaire. Pour les spécialistes présents, la mise en œuvre du futur plan national des maladies rares offrira une meilleure visibilité épidémiologique, une coordination accrue entre les structures hospitalières et une prise en charge plus équitable des patients à travers le territoire. Ainsi, entre innovation scientifique et engagement institutionnel, Oran confirme son rôle de pôle médical et universitaire de premier plan, porteur d’une vision nouvelle : celle d’une médecine fondée sur la précision, la prévention et la recherche.

Yacine Redjami

 

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